La nomination de Richard Wagner à la Cour suprême du Canada devrait être confirmée «rapidement», a fait savoir le bureau du premier ministre, hier, au terme de la présentation du juge devant un comité spécial de la Chambre des communes.

Le candidat recommandé par le premier ministre Harper pour succéder à la juge québécoise Marie Deschamps a répondu aux questions des députés pendant plus de deux heures, hier. Ces audiences mises en place pour la première fois lors de la nomination du juge Marshall Rothstein, en 2006, n'ont pas de caractère décisionnel: le comité spécial que préside le ministre de la Justice ne fera aucune recommandation au gouvernement.

La procédure se veut plutôt un exercice de transparence et un moyen pour les députés et le public d'en apprendre davantage sur ces magistrats choisis pour accéder aux plus hautes fonctions judiciaires.

Le nom de ce juge de la Cour d'appel du Québec avait été recommandé de façon unanime par un comité de cinq députés, dont deux de l'opposition, qui ont examiné des candidatures à huis clos durant l'été. Mais c'était la première fois que ces députés rencontraient le candidat.

Plusieurs des questions provenant des bancs conservateurs se sont attardées à des thèmes comme les sentences criminelles, l'influence de la Charte et l'activisme judiciaire. «La loi existe et les juges n'ont qu'à l'appliquer», a répondu le magistrat à une question portant sur la défense des droits des victimes.

Cour d'appel

Le juge a refusé de répondre à certaines questions posées par le député conservateur Scott Reid, au sujet de la latitude qu'ont les juges pour interpréter la Constitution. «Il est très probable que la Cour suprême aura à interpréter encore la Constitution et avec respect, je voudrais faire partie de ce débat.»

Le fait d'avoir passé moins de deux ans à la Cour d'appel du Québec ne sera pas un handicap, a indiqué le juge en réponse à une question de la députée néo-démocrate Françoise Boivin. «Je préfère la qualité à la quantité. Je pense que même si j'ai passé une seule année et demie à la Cour d'appel, je peux vous dire qu'elle a été très intense et que j'ai appris énormément.»

Avant d'être nommé à la Cour supérieure du Québec en 2004, puis à la Cour d'appel en 2011, Richard Wagner était avocat au cabinet montréalais Lavery, de Billy et travaillait dans les domaines du litige civil, commercial et de la construction. Au tribunal, il a présidé des dossiers d'envergure, dont ceux de l'ex-juge Delisle et de Norbourg.

Les audiences ont été l'occasion de montrer un côté plus personnel: il a parlé de ses deux enfants, avocats comme lui, et de sa propre enfance, qu'il a décrite comme heureuse et privilégiée. Il a enfin fait part de son admiration pour son défunt père, Claude Wagner, ministre de la Justice du Québec dans les années 60 et membre influent du Parti progressiste-conservateur du Canada dans les années 70.