Justin Trudeau s'attaquera à une cible de taille immédiatement après avoir donné le coup d'envoi à sa campagne pour diriger le Parti libéral du Canada (PLC), ce soir à Montréal.

Le député de Papineau se rendra demain à Calgary, bastion des conservateurs de Stephen Harper, dans le cadre d'une tournée pancanadienne qui le mènera également dans les banlieues de Vancouver et de Toronto d'ici jeudi soir.

Mais le premier vrai test pour celui dont la décision de briguer la direction du PLC a déclenché une véritable «Trudeaumanie» dans les médias canadiens depuis une semaine aura lieu ce soir au centre communautaire William-Hingston, situé au 419, rue Saint-Roch, dans sa circonscription montréalaise.

M. Trudeau doit y prononcer un discours aux accents plus personnels, selon les informations obtenues par La Presse. Il n'a cependant pas l'intention de présenter en détail de nouvelles mesures pour ramener le Parti libéral au pouvoir, mais veut expliquer les raisons pour lesquelles il entend briguer la direction d'un parti autrefois dirigé par son père, Pierre Elliott Trudeau.

Des libéraux d'un peu partout, dont des députés et d'anciens parlementaires à Ottawa, devraient converger vers la petite salle communautaire du quartier Parc-Extension. «Il veut toutefois vraiment être entouré des gens de sa circonscription, ceux qui lui ont donné sa chance en 2008. C'est important pour lui, d'autant plus que la première fois, il a dû trimer pour gagner la confiance de Papineau», a confié une source libérale.

Son discours terminé, il prendra la direction de l'Ouest canadien: Calgary demain après-midi pour des rencontres, Richmond, en Colombie-Britannique, demain soir et finalement Mississauga, en banlieue de Toronto, jeudi, où plus de 1000 partisans sont attendus.

«Il veut gagner la confiance et l'appui des gens partout au pays, y compris dans les endroits où le parti a eu moins de succès dans le passé», a de son côté expliqué l'un de ses collaborateurs, qui a également requis l'anonymat.

«À Mississauga, les organisateurs veulent en mettre plein la vue. On vise au moins 1000 personnes», a ajouté une autre source libérale bien au fait des objectifs des organisateurs de Justin Trudeau dans la région de Toronto.

La une des journaux

La Presse a rapporté mercredi dernier que le député de Papineau serait le premier député du PLC à se lancer officiellement dans la course, cette semaine. Cette nouvelle a depuis provoqué une avalanche médiatique.

Le fils de l'ancien premier ministre a fait la une de grands quotidiens, dont celle du Globe and Mail jeudi et samedi, et a fait l'objet de nombreux reportages décortiquant ses atouts et ses faiblesses, ses chances de gagner, sa brève carrière politique et l'héritage de son père.

La semaine dernière, le quotidien Ottawa Sun a par exemple titré: «Trudeaumanie 2 : Justin compte se lancer dans la course au leadership».

«Quelle belle publicité gratuite! Il est évident que sa candidature suscite déjà un vif intérêt. Et cela vient juste de commencer», ont affirmé, sourire en coin, des libéraux fédéraux au cours des derniers jours.

Un sondage favorable

Également la semaine dernière, le National Post a publié les résultats d'un sondage éclair démontrant que le Parti libéral, dirigé par Justin Trudeau, pourrait former un gouvernement majoritaire si des élections avaient lieu maintenant. Le sondage téléphonique, réalisé le 26 septembre par la firme Forum Research auprès de 1707 Canadiens, accordait 39% au Parti libéral, 32% au Parti conservateur et 20% seulement au Nouveau Parti démocratique. La marge d'erreur de ce coup de sonde est de plus ou moins 2 points de pourcentage, 19 fois sur 20.

Selon certaines sources, la stratégie de Justin Trudeau sera de se rendre dans les grandes villes canadiennes au cours des prochains jours, avant de courtiser les militants libéraux dans les régions rurales du pays, où le PLC a de la difficulté à s'imposer.

Les autres candidats qui pourraient se lancer dans la course sont Marc Garneau, député libéral de Westmount-Ville-Marie, et Martin Cauchon, ancien ministre de la Justice au sein du gouvernement de Jean Chrétien.

Trois autres députés libéraux, Dominic LeBlanc, David McGuinty et Joyce Murray, ont fait savoir au cours des dernières semaines qu'ils sont en réflexion. Mais l'annonce de Justin Trudeau pourrait les forcer à se désister. Parmi les autres candidats connus, on trouve le nom de la militante Deborah Coyne, mère de la demi-soeur de Justin Trudeau.