Les conservateurs demandent à Élections Canada de sanctionner les libéraux qui n'ont pas encore remboursé les prêts contractés pour financer leur course à la direction de 2006.

Ils demeurent toutefois curieusement discrets au sujet des quelque 80 candidats - dont 21 conservateurs - qui se trouvent dans une situation semblable après avoir emprunté de l'argent pour financer leur campagne électorale en 2004, en 2008 et en 2011.

Élections Canada n'a pas mis à l'amende ni emprisonné ces contrevenants non plus, même si, collectivement, ils doivent environ 3 millions de dollars et ont dépassé depuis longtemps l'échéance de remboursement, qui est de 18 mois.

Le Directeur général des élections du Canada, Marc Mayrand, a récemment affirmé à La Presse Canadienne qu'il était pratiquement impossible de mettre en application la loi sur les prêts politiques puisque celle-ci est «non seulement trop complexe, mais aussi incohérente et inefficace».

Les conservateurs ont présenté il y a presque un an une loi censée résoudre certains problèmes. D'après d'anciens candidats malheureux à la direction du Parti libéral, cette loi leur permettrait de régler leurs dettes de façon presque automatique.

Mais le gouvernement Harper a laissé traîner le projet de loi C-21 - la cinquième tentative conservatrice de réformer les lois en matière de prêts politiques - depuis sa présentation, en novembre dernier.

D'après un porte-parole du leader du gouvernement à la Chambre des communes, Peter Van Loan, il semble y avoir eu entente avec les autres partis afin de terminer la seconde lecture du projet de loi vendredi. Le projet de loi pourrait, par conséquent, se retrouver devant un comité parlementaire pour un examen en profondeur.

Mais les libéraux soupçonnent le gouvernement Harper de retarder volontairement les changements aux dispositions de cette loi afin d'en tirer un maximum de capital politique.

«On aimerait croire que, dans notre système, il n'y a pas de chicanes délibérées mais, compte tenu des antécédents de M. Harper, il est très difficile de lui accorder le bénéfice du doute à ce sujet», a affirmé le leader adjoint du Parti libéral, Ralph Goodale.

«Ils sont clairement en campagne électorale de façon permanente; ce n'est que de la politique, tout le temps. Il est difficile de conclure que ce soit autre chose qu'un acte délibéré (que le projet de loi C-21 ait fait si peu de progrès jusqu'à présent).»

Pendant ce temps, les conservateurs n'hésitent pas à utiliser la loi sur les prêts politiques dans sa forme actuelle afin de s'en prendre à leurs adversaires libéraux.

Et s'ils bloquent sa progression durant une autre année, ils pourraient très bien servir la même médecine aux néo-démocrates - dont la course à la direction remonte à mars dernier - si les candidats à la succession de Jack Layton n'arrivent pas à rembourser leurs dettes dans les délais prescrits. Ils ont jusqu'à septembre pour le faire.