Des voix s'élèvent partout au pays depuis mercredi pour que la ministre fédérale de la Condition féminine démissionne.    

Rona Ambrose a soulevé la colère de groupes de défense des droits des femmes et de la personne ainsi que de plusieurs membres de l'opposition en votant pour la motion M-312.

Cette initiative du député ontarien Stephen Woodworth proposait de créer un comité parlementaire pour étudier la possibilité de donner le statut d'être humain au foetus dans le Code criminel du Canada. Selon ses détracteurs, cependant, il s'agissait d'un moyen détourné de relancer le débat sur la légalité de l'avortement.

Mme Ambrose a brièvement expliqué sa décision sur Twitter tard mercredi soir. «J'ai soulevé des préoccupations de manière répétée quant à la discrimination des filles par la sélection prénatale par avortement, a-t-elle déclaré. Pas besoin de loi, mais nous devons être conscientisés!»

Rupture du lien de confiance

Dix ministres conservateurs ont voté pour cette motion, bien que le premier ministre Stephen Harper ait annoncé, plusieurs mois auparavant, qu'il voterait contre en raison de sa promesse électorale de ne pas rouvrir le débat sur l'avortement.

La motion a été défaite par un 203 voix contre 91. Des 87 députés conservateurs qui l'ont appuyée, c'est le vote de la ministre Ambrose qui a été le plus sévèrement jugé.

«Mme Ambrose, partez!», a ordonné la Fédération des femmes du Québec (FFQ) dans un communiqué de presse diffusé hier. La FFQ s'était fermement opposée à la motion M-312 dans les derniers mois.

«La fonction de la ministre à la Condition féminine est de veiller aux intérêts des femmes. En votant pour ce comité qui n'a d'autre intention que d'ouvrir à nouveau le débat sur l'avortement, elle renie cette responsabilité», a déclaré la présidente de la FFQ, Alexa Conradi.

Les réseaux sociaux se sont aussi enflammés et des pétitions ont été créées, dont l'une, sur Facebook, qui avait récolté plus de 2000 signatures en début de soirée hier et une autre sur le site web Avaaz, qui en comptait près de 5000.

Si plusieurs députés ont rejeté les explications de la ministre, le Parti libéral, dont quatre députés ont voté pour la motion, s'est tenu loin de la controverse. Le Nouveau Parti démocratique a fait quelques déclarations mais n'est pas allé jusqu'à réclamer la démission de la ministre.

Le Bloc québécois est le seul parti à avoir interrogé Rona Ambrose à ce sujet durant la période de questions et à avoir réclamé son départ. «La ministre a rompu le lien de confiance avec les femmes et a rompu la promesse électorale de son propre parti, a lancé le député bloquiste André Bellavance. Est-ce que le premier ministre va la congédier, cautionne-t-il son geste, ou veut-elle se lever et nous dire aujourd'hui qu'elle démissionne?»

Loin de se rendre à ces demandes, Mme Ambrose a répondu en vantant les investissements de son gouvernement dans la lutte contre la violence à l'égard des femmes. «Il est intéressant qu'il s'agisse de la première question que je reçois dans le dossier du statut de la femme cette année, a-t-elle noté. En fait, je crois que c'est la première question que je reçois depuis l'année dernière également.»

Elle a refusé d'accorder une entrevue à La Presse.