Les gens d'affaires plaident pour un retour des missions économiques dirigées par le premier ministre du Canada en Asie.

Ces missions, qui étaient la marque de commerce de l'ancien premier ministre libéral Jean Chrétien dans les années 90, ont permis à de nombreuses entreprises de brasser de nouvelles affaires dans cette région du globe en pleine croissance économique, notamment en Chine.

Le président du Conseil canadien des chefs d'entreprises (CCCE), John Manley, invite le premier ministre Stephen Harper à intensifier son intérêt pour l'Asie en menant une première mission économique avec ses homologues des provinces et les dirigeants d'entreprises canadiennes.

Selon M. Manley, qui était un ministre influent dans le gouvernement Chrétien, cette formule a fait ses preuves et demeure toujours pertinente, dans le contexte du réchauffement des relations depuis deux ans entre le gouvernement Harper et les autorités de Pékin.

Dans une entrevue accordée à La Presse, M. Manley a tenu à rappeler que la présence du premier ministre du Canada aux côtés des gens d'affaires fait souvent la différence quand il s'agit de conclure une entente en bonne et due forme.

«Dans les marchés émergents, l'aide du gouvernement est très importante pour nos entreprises. Ce serait dans l'intérêt du Canada de relancer les missions économiques. On peut les appeler autrement si on veut. Mais la présence du premier ministre et de plusieurs entreprises crée une masse critique, une visibilité qui est très utile. Tout le monde m'en parle, et pas seulement nos membres, mais aussi des dirigeants de petites et moyennes entreprises», a indiqué M. Manley, qui a également rappelé que Jean Chrétien s'était rendu sept fois en Chine en 10 ans de règne comme premier ministre.

Une conférence de deux jours

Il a ajouté que le Canada avait réussi à faire bonne impression en multipliant les missions économiques, connues à l'époque sous le nom d'Équipe Canada. «Mais nous ne sommes pas vraiment retournés depuis. Cela n'a pas le même poids quand on se rend avec un ministre du gouvernement et quelques chefs d'entreprises. Le ministre peut aider. Mais il nous faut un champion qui porte le drapeau du Canada.»

Devant l'ascension économique rapide de l'Asie, la CCCE a cru bon d'organiser une conférence de deux jours à Ottawa sur l'importance de cette région pour la prospérité du Canada. Plusieurs experts et chefs d'entreprises de l'Asie participeront à la conférence intitulée «Le Canada à l'ère du Pacifique», de même que des ministres du gouvernement Harper, dont le ministre des Affaires étrangères, John Baird, et le ministre des Finances, Jim Flaherty.

«Cela fait deux ans que nous préparons cette conférence. Il y a des changements énormes sur les plans économique et politique dans le monde: le transfert du pouvoir économique de l'Europe et de l'Amérique du Nord vers l'Asie. Je crois que c'est important pour nos entreprises de bien comprendre ces changements, mais aussi les politiciens et les fonctionnaires qui sont responsables des politiques publiques», a dit M. Manley.

Une force économique

«La force économique de l'Asie est indéniable. Nous étions heureux de 1992 à 2008 d'avoir un grand marché aux États-Unis qui pouvait consommer tout ce que le Canada pouvait exporter. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le marché intérieur et celui des États-Unis demeurent importants parce qu'ils sont grands. Mais pour l'expansion, il faut se tourner vers l'Asie», a-t-il souligné.

Le «Canada inc.» est évidemment satisfait du changement de la politique du gouvernement Harper envers la Chine depuis la visite du président Hu Jintao à Ottawa, en juin 2010. Le changement de ton a permis au Canada et à la Chine de conclure récemment un accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers, après plus de 20 ans de pourparlers.

Les gens d'affairent saluent aussi la décision du gouvernement Harper de participer aux discussions afin de permettre au Canada de se joindre au Partenariat transpacifique. Mais des missions économiques dirigées par le premier ministre permettraient d'approfondir les échanges économiques entre les deux pays, selon M. Manley.