Le faible taux de participation des jeunes électeurs du Canada pourrait mener à une crise, a affirmé le directeur général des élections du Canada (DGEC), Marc Mayrand, à l'occasion de la Semaine canadienne de la démocratie.

En 1965, le taux de participation aux élections fédérales des électeurs qui pouvaient voter pour la première fois était de 69%. Vingt ans plus tard, il avait baissé à 58%. En 2004, il avait dégringolé à 34%.

«Si on ne trouve pas un moyen de traiter cette question, ça peut devenir une crise, a dit hier le DGEC lors d'une entrevue avec La Presse. Ça remet en question la légitimité du gouvernement. Ça peut créer de l'instabilité sociale.»

«Pas de solution magique»

«Sans dramatiser, a-t-il dit, on doit se préoccuper de cela maintenant, et non pas attendre d'arriver à un état de crise.»

«Il n'y a pas de solution magique, a souligné M. Mayrand. Ça revient essentiellement à la formation citoyenne. Ça commence jeune, en principe à la maison, ça se fait à l'école et ça se poursuit dans toutes les activités communautaires qu'on peut faire comme citoyen.»

Cette semaine, à l'occasion de la Semaine canadienne de la démocratie, le DGEC et divers partenaires ont prévu une série d'activités dans les écoles et les universités du pays afin de sensibiliser les jeunes et leurs professeurs aux enjeux et aux outils disponibles.

Les études commandées par son bureau dans les dernières années montrent que «les jeunes ont une approche très différente» relativement à la citoyenneté et au vote, a précisé M. Mayrand. «C'est très marquant de voir comment les jeunes n'ont aucune hésitation à dire que le vote n'est pas un devoir de citoyen.»

«Il se passe quelque chose de fondamental», a ajouté le DGEC. Il a notamment souligné que l'engagement social et communautaire des jeunes est en baisse. Il a également noté le désintérêt marqué de certains d'entre eux par rapport au débat politique.

Dans un tel contexte, selon le GGEC, tous doivent collaborer pour corriger le tir: médias, politiciens, parents, jeunes, professeurs...

Ceux qui voient dans le vote par internet une solution immédiate pourraient attendre longtemps. «Ce n'est pas pour demain, a-t-il affirmé. Cela va arriver, je pense, mais on est encore loin des questions technologiques qui vont susciter la confiance nécessaire.»

D'importants changements institutionnels ou démocratiques, comme l'instauration du mode de scrutin proportionnel, pourraient également s'avérer inefficaces. «Il n'y a pas d'indication que le taux de participation serait touché significativement si on changeait le mode de représentation. Il y a quelque chose de plus profond là-dedans.»

«Il faut changer les mentalités, et ça, ça se fait par l'éducation», a ajouté M. Mayrand.

Heureusement, il y a certains signes encourageants, comme le taux de participation des jeunes aux dernières élections au Québec, qui pourrait avoir augmenté. «J'ai hâte de voir les résultats, a-t-il dit. Mais on sait déjà que ça a augmenté de 17% pour l'ensemble des électeurs. Il n'y a pas de raison de croire que la participation des jeunes n'a pas augmenté à peu près dans la même proportion, ce qui serait déjà excellent.»

Mais «le test, c'est de savoir si ça va être soutenu», a conclu le DGEC.