Les convictions du gouvernement Harper en matière de bilinguisme seront mises à l'épreuve, en octobre, quand la Chambre des communes se prononcera pour la première fois sur le projet de loi privé du NPD, qui obligerait 10 agents du Parlement à être bilingues avant leur nomination.

Le NPD a déposé ce projet de loi au printemps dans la foulée de la décision controversée du gouvernement Harper de nommer un unilingue anglophone, Michael Ferguson, au poste de vérificateur général. Cette nomination est survenue quelques semaines seulement après que Stephen Harper eut essuyé d'autres critiques pour avoir nommé un juge unilingue, Michael Moldaver, à la Cour suprême du Canada.

Le projet de loi du NPD sera débattu aux Communes à la fin septembre, et le vote aura lieu en octobre.

Division

Ce projet de loi, qu'appuient le Parti libéral et le Bloc québécois, divise les conservateurs de Stephen Harper. Le ministre d'État responsable des Petites entreprises et du Tourisme, Maxime Bernier, s'était dit favorable au projet de loi, présenté par la députée de Louis-Saint-Laurent, Alexandrine Latendresse. «C'est un très bon projet de loi», avait-il dit 24 heures après l'annonce de l'initiative de la jeune députée.

Le ministre du Patrimoine et des Langues officielles, James Moore, y avait opposé une fin de non-recevoir, mais il avait fait marche arrière le lendemain en disant qu'aucune décision n'avait été prise à ce sujet.

Or, l'heure de vérité approche pour les conservateurs, a indiqué hier Mme Latendresse dans une entrevue accordée à La Presse.

«Il y aura un vote à l'automne, en octobre ou novembre, a-t-elle dit. Il est évident que j'aimerais que le projet de loi soit adopté tel quel. Mais il est possible que les conservateurs décident de déposer leur propre projet de loi. Ils sont actuellement dans une drôle de situation.»

Le projet de loi du NPD rendrait obligatoire la maîtrise des deux langues officielles pour 10 postes clés au fédéral, dont ceux du vérificateur général, du directeur général des élections, du commissaire aux langues officielles et du commissaire à l'information.

Dans les coulisses, les conservateurs n'écartent pas la possibilité de proposer leur propre projet de loi, mais ils n'ont pas encore fait leur lit. «Aucune décision n'a été prise. Cela dit, le bilinguisme est une partie importante de notre histoire et de notre culture», a indiqué hier Carl Vallée, porte-parole du premier ministre Stephen Harper.

Déjà impopulaires au Québec, les conservateurs pourraient s'attirer encore plus d'adversaires s'ils décidaient de voter contre le projet de loi. Stephen Harper pourrait aussi devoir se priver d'un ministre québécois en la personne de Maxime Bernier.

En privé, l'ancien premier ministre Brian Mulroney, que Stephen Harper a rencontré discrètement à Montréal cet été pour obtenir ses conseils sur le Québec, a fait savoir qu'aucun député fédéraliste du Québec ne pourrait se permettre de voter contre un tel projet de loi, selon ce qu'a appris La Presse.