Le Parti libéral du Canada (PLC) se trouve dans une «situation catastrophique» au Québec, constate son vice-président francophone, Imran Ahmad. Après avoir rencontré des dizaines de membres québécois dans les dernières semaines, il observe notamment que la formation politique continue de pâtir du scandale des commandites.

«Le lien de confiance entre les francophones québécois, le Québec de manière plus générale et le PLC est brisé depuis quelques années», affirme en entrevue l'avocat de 35 ans, qui qualifie la situation de «catastrophique».

M. Ahmad, qui a été élu au cours du congrès biennal du PLC en janvier, a grandi à Montréal et vécu à Calgary avant de s'établir à Toronto. Depuis son entrée en fonction, il parcourt le Québec afin de rencontrer les membres restés fidèles au PLC.

L'un de ses constats les plus frappants au terme de ses rencontres: le PLC continue de payer pour n'avoir jamais fait son mea-culpa à propos du scandale des commandites.

«Je ne pense pas qu'on se soit jamais excusé, constate M. Ahmad. Je n'ai jamais entendu d'excuses officielles, ou quelque chose qui dise: "Désolé de ce qui est arrivé, ce n'est pas la façon dont on fonctionne." C'était tout le temps: "Il y a quelques individus qui ont fait des choses, il y a des choses qui se sont passées et on n'était pas au courant."»

Puisque la vaste majorité des membres du parti n'étaient pas liés à cette affaire, M. Ahmad voit mal le PLC présenter des excuses officielles. Mais le parti doit trouver le moyen de créer une «cassure» avec ce passé trouble s'il veut regagner la faveur de l'électorat, soutient-il.

Le 2 mai 2011, le PLC a réalisé le pire score électoral de son histoire en recueillant 34 sièges seulement à la Chambre des communes, dont 7 au Québec. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) lui a ravi le statut d'opposition officielle, en plus de faire élire 59 députés dans la province.

En juin, La Presse a révélé que, un an après cette défaite historique, le PLC ne comptait plus que 7000 membres au Québec, alors qu'il en comptait 100 000 en 2004.

«À l'extérieur de l'île de Montréal et de Laval, dans certains coins, on est pratiquement inexistants», observe M. Ahmad.

Afin de raviver la formation politique à l'extérieur de la métropole, M. Ahmad part à la rencontre des membres partout dans la province. À la fin de l'année, il présentera le fruit de ses échanges et soumettra des propositions aux candidats à la direction, qui seront alors en pleine campagne.

Dans l'espoir de renouveler une formation qui a longtemps été décrite comme le détenteur naturel du pouvoir au Canada, le PLC a récemment institué une nouvelle catégorie de membres afin d'encourager les Canadiens à façonner son programme. Les «sympathisants» pourront ainsi voter pour le prochain chef sans avoir à débourser pour se procurer une carte de membre.

«Le Parti libéral demeure le seul parti ouvert à un façonnement pour l'avenir qui pourrait être influencé par les Québécois», estime M. Ahmad.

Le nouveau chef du Parti libéral du Canada sera élu en avril 2013.