À l'approche d'élections provinciales au Québec, les partis fédéralistes marchent sur des oeufs et assurent qu'ils demeureront neutres durant la bataille qui s'annonce féroce.

Le Bloc québécois, toutefois, entend tout mettre en oeuvre, malgré ses effectifs réduits, pour permettre au Parti québécois (PQ) de reprendre le pouvoir et, peut-être, d'organiser un troisième référendum sur la souveraineté.

Vues d'Ottawa, les prochaines élections au Québec revêtent une importance capitale. Car une victoire du Parti québécois forcerait tous les partis fédéralistes à remettre la question de l'unité nationale à l'ordre du jour. Ce dossier est tombé sous le radar au cours des dernières années, en particulier depuis la cinglante défaite du Bloc québécois, réduit à seulement quatre sièges à la Chambre des communes aux dernières élections.

Ce n'est donc pas un hasard si le premier ministre Stephen Harper a décidé de renouer avec Brian Mulroney récemment afin d'obtenir son avis sur la question québécoise et sur les mesures à prendre pour redorer le blason de son gouvernement au Québec. Sondage après sondage, le Parti conservateur, qui ne détient que cinq sièges au Québec, n'obtient guère plus que 15% d'appuis dans la province.

De fait, un militant conservateur de longue date, Peter White, a prévenu l'automne dernier que la façon de gouverner de Stephen Harper donne des munitions aux souverainistes au Québec. Pire encore, disait-il, les décisions des conservateurs risquaient de provoquer une «décanadiennisation» du Québec.

Pas d'appuis formels

Au moment où des élections semblent imminentes au Québec, les partis fédéralistes ont indiqué à La Presse qu'ils ne donneront pas d'appui formel aux libéraux de Jean Charest ou encore à la Coalition avenir Québec de François Legault.

Toutefois, ils n'empêcheront pas leurs députés d'appuyer les candidats locaux de leur choix.

«Nous n'entendons pas intervenir dans la prochaine campagne provinciale. Le choix appartiendra aux Québécois le moment venu. Nos députés ou ministres auront sûrement des préférences sur le plan local, mais notre gouvernement n'appuiera aucun parti», a indiqué Carl Vallée, porte-parole du bureau du premier ministre Stephen Harper.

Le gouvernement Harper tentera de rester à l'écart de la campagne même si la chef du Parti québécois, Pauline Marois, ne cache pas son intention de faire campagne contre les mesures controversées des conservateurs à Ottawa.

Les députés du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont appuyé différents partis provinciaux par le passé. Le chef Thomas Mulcair a déjà été ministre libéral au sein du gouvernement Charest. Les députés Nycole Turmel et Alexandre Boulerice ont appuyé Québec solidaire.

Les élus québécois du parti suivront la campagne avec intérêt, mais sur les lignes de touche. Même si la direction n'a imposé aucune directive officielle aux élus, les députés québécois du NPD se sont entendus pour rester neutres pendant la campagne.

«La seule chose sur laquelle on se concentre actuellement, ce sont les élections de 2015, a indiqué un porte-parole du NPD. C'est là-dessus qu'on se concentre et c'est notre priorité.»

Le député libéral Stéphane Dion a pour sa part indiqué qu'il ne croit pas que les décisions du gouvernement Harper donneront un avantage au Parti québécois. «Il ne faut surtout pas commencer à dire ce genre de choses. On a un profond désaccord avec le gouvernement conservateur, mais tous les pays ont une droite. Quand on n'aime pas les gouvernements de droite, on s'efforce de les battre. On ne met pas en cause le pays lui-même!», a dit M. Dion.

Pour le reste, M. Dion a affirmé que le Parti libéral du Canada se fera discret. «Nous faisons de la politique au fédéral, pas au provincial. Donc, notre rôle ne sera d'aucune façon prédominant. Mais c'est certain que nous sommes des libéraux. Dans nos comtés, nous allons aider nos amis libéraux. Sur le terrain, c'est souvent la même équipe. Mais il revient aussi à nos collègues libéraux provinciaux de se faire élire», a dit M. Dion.

Derrière le PQ

Le Bloc québécois est le seul parti fédéral à se ranger derrière une formation provinciale en vue du prochain scrutin. Depuis 2005, il appuie résolument le Parti québécois.

«On enjoint à nos militants de travailler bénévolement au Parti québécois dans les circonscriptions», résume la porte-parole du Bloc, Karine Rossignol.