Éclaboussée par de nombreuses controverses relativement à ses dépenses, la ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, démissionne de ses fonctions.

Son départ, qui sera officiel le 31 juillet, forcera le premier ministre Stephen Harper à remanier son cabinet un an après que les conservateurs eurent obtenu une majorité des sièges à la Chambre des communes.

On s'attend à ce que M. Harper profite de l'occasion pour accorder des promotions à certains ministres et pour en rétrograder d'autres qui n'ont pas été à la hauteur afin de faire de la place à du sang neuf. Ce remaniement devrait avoir lieu au cours des prochaines semaines, au plus tard à la mi-août.

Dans le cas de Bev Oda, il semble qu'un verre de jus d'orange ait été la goutte qui a fait déborder le vase, d'autant plus que ce n'était pas la première fois que ses dépenses excessives faisaient les manchettes.

En juin 2011, Mme Oda a séjourné dans un hôtel somptueux à Londres, le Savoy, pendant qu'elle assistait à une conférence internationale sur l'effort de vaccination dans les pays pauvres. Elle s'est notamment fait rembourser un jus d'orange à 16$, en plus de noliser une limousine à 1000$ par jour lors de ce voyage.

Des excuses

Elle a exigé qu'on annule une réservation dans un hôtel cinq étoiles, le Grange St. Paul's Hotel, afin qu'elle puisse séjourner au Savoy pour le double du prix.

Mme Oda s'est excusée après que ces dépenses eurent été rendues publiques. Elle a remboursé 3000$ pour couvrir certains frais de ce voyage. Mais plusieurs observateurs la voyaient déjà évincée du cabinet Harper.

Ces dépenses ont irrité au plus haut point les militants conservateurs. Certains députés ont même dénoncé récemment le train de vie que menait Mme Oda aux frais des contribuables.

Bev Oda représente la circonscription de Durham, en Ontario. Elle a été élue pour la première fois sous la bannière conservatrice en 2004 après une carrière dans le milieu de la télévision.

L'épisode du Savoy n'a pas été la première controverse au dossier de Mme Oda, qui a été ministre du Patrimoine avant d'être nommée à la Coopération internationale (voir capsule).

M. Harper a néanmoins tenu à rendre hommage à Mme Oda malgré ses déboires.

«Sous la direction de Bev, le Canada a mis sur pied une initiative visant à sauver la vie de mères, d'enfants et de nouveau-nés dans les pays en développement. Bev a également amélioré les programmes d'aide du Canada en matière de responsabilisation et d'efficacité, en plus de parrainer les importants efforts déployés à la suite des tragédies humaines survenues en Haïti, au Pakistan et dans la Corne de l'Afrique. Grâce à son leadership, Bev a également permis au Canada de parvenir, plus tôt que prévu, à respecter l'engagement qu'il avait pris de doubler l'aide accordée à l'Afrique. C'est un bilan dont elle peut être fière», a dit M. Harper dans une déclaration.

Mme Oda n'a pas précisé les motifs de sa démission. Mais pour Alexandre Boulerice, porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d'éthique, sa situation était devenue intenable, surtout après que le gouvernement Harper eut imposé des compressions budgétaires de 5,2 milliards par année sur trois ans, et annoncé qu'il éliminerait plus de 19 000 postes dans la fonction publique.

«Mme Oda était devenue un exemple type de ce gouvernement arrogant qui applique le principe du "faites ce que je dis, pas ce que je fais"», a dénoncé M. Boulerice.

Le député libéral Denis Coderre n'a guère été étonné par la décision, lui non plus.

«Les seuls qui sont tristes présentement, ce sont les propriétaires d'hôtels de luxe et les locateurs de limousines», a-t-il dit avec ironie.

La Fédération canadienne des contribuables a fait savoir que Mme Oda touchera une pension de 52 183$ par année.