Le gouvernement conservateur a rejeté une proposition venant d'un économiste de l'Université McGill afin de permettre au Canada de survivre à la prochaine crise économique, a appris La Presse Canadienne.

Une note d'information obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information montre que la suggestion de Christopher Ragan visant à renforcer les mécanismes de surveillance pour l'économie canadienne s'est rendue jusqu'au premier ministre Stephen Harper, lui-même un ancien économiste.

Dans son avertissement publié à la fin du mois de janvier par l'Institut C.D. Howe, M. Ragan affirme que le Canada pourrait se révéler mal préparé pour la prochaine récession mondiale en raison des lacunes d'un important organisme de surveillance.

Selon l'économiste, le Comité consultatif supérieur (CCS) du ministère fédéral des Finances doit être restructuré afin de permettre au gouverneur de la Banque du Canada d'y jouer un plus grand rôle et de faire en sorte que la Société canadienne d'hypothèques et du logement (SCHL) en devienne un membre permanent.

Christopher Ragan reconnaît que le CCS a bien servi le Canada durant la crise de 2008 et 2009, mais craint qu'il soit incapable de voir venir le prochain désastre financier. Il prévient que le pays ne devrait pas s'asseoir sur ses lauriers en raison de sa réussite passée.

Une note de service adressée le 22 février à M. Harper indique que le gouvernement a longuement réfléchi à la suggestion avant de finalement opter pour le statu quo.

La note soutient que l'organisme s'acquitte déjà des fonctions que le professeur Ragan souhaiterait le voir accomplir et qu'il est habitué à faciliter la coordination entre les différentes parties intéressées du système de réglementation financière du Canada tout en fournissant des conseils au gouvernement en matière de politiques.

Le professeur de l'Université McGill a dit ne pas être surpris par l'inaction gouvernementale dans ce dossier étant donné que le pays est passé au travers de la récession de 2008 et 2009 sans trop de dommages.

«Je m'inquiète de ce qui pourrait arriver dans un monde beaucoup moins beau que celui dans lequel nous vivions au moment de la crise que nous venons de traverser», a-t-il déclaré dans une entrevue depuis Montréal.

«Ce qui m'inquiète, c'est ce qui arrivera dans dix ans, lorsque de nouveaux instruments financiers que l'on ne peut même pas imaginer pour l'instant auront été créés.»