Des micros installés discrètement dans des aéroports canadiens pour enregistrer les conversations de voyageurs et d'employés ne seront pas activés avant qu'une évaluation d'impact sur la vie privée soit menée.

Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a fait cette annonce hier, dans la foulée de préoccupations soulevées par le commissariat à la protection de la vie privée du Canada.

Selon un article du Ottawa Citizen, des micros auraient été installés au cours des derniers mois dans certaines zones d'aéroports canadiens, dont l'aéroport d'Ottawa. Ils n'auraient pas encore été activés.

Le bureau du ministre Toews n'a pas voulu confirmer si l'aéroport Montréal-Trudeau était touché par ces mesures. Jean-Pierre Fortin, président du Syndicat des douanes et de l'immigration, a dit croire qu'il devait sans doute l'être.

M. Fortin a affirmé que son organisme n'avait pas été formellement consulté. Il s'est dit inquiet par la possibilité que de tels enregistrements puissent être utilisés contre les travailleurs.

L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), chargée du projet, n'a pas non plus consulté formellement le commissariat à la vie privée. La procédure au gouvernement veut qu'une nouvelle mesure susceptible de violer le droit à la vie privée des Canadiens fasse l'objet d'une «évaluation des facteurs relatifs à la vie privée».

«Je partage les préoccupations des Canadiens en ce qui concerne l'impact sur la vie privée de ces enregistrements audio, même s'ils surviennent dans une zone d'accès restreint», a déclaré Vic Toews, hier.

«J'ai dit clairement à l'ASFC qu'aucune surveillance audio ne pourra être faite jusqu'à ce qu'une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée soit soumise et que les recommandations faites par le commissaire soient révisées au Parlement.»

C'est la deuxième fois en quelques mois qu'Ottawa laisse de côté un projet soulevant la grogne des défenseurs du droit à la vie privée. Le projet de loi C-30, qui permettrait aux forces de l'ordre d'obtenir sans mandat des informations personnelles des internautes, a lui aussi été mis de côté.