Le gouvernement Harper devrait déposer son projet de loi spéciale de retour au travail dès lundi, après la rupture des négociations entre la direction du Canadien Pacifique (CP) et ses mécaniciens et conducteurs de locomotive, survenue ce week-end.

La compagnie de chemin de fer et le syndicat représentant les 4800 travailleurs en débrayage depuis mercredi ont confirmé que les négociations avaient été rompues dimanche après-midi, ajoutant que les espoirs d'une reprise des discussions étaient bien minces.

Avec le retrait du médiateur et le fait que la ministre fédérale du Travail, Lisa Raitt, ait libéré les deux parties dimanche après-midi, le processus législatif peut désormais s'amorcer, a jugé un porte-parole de CP, Ed Greenberg.

Plus tôt dimanche, la ministre Raitt disait avoir toujours espoir que les deux parties puissent réaliser des progrès, ajoutant toutefois qu'elle n'attendrait pas encore très longtemps.

Le régime de retraite, les règles d'organisation du travail et la gestion de la fatigue demeurent les principaux points d'achoppement dans les négociations.

La Conférence ferroviaire Teamsters Canada a blâmé l'entreprise pour l'échec des pourparlers.

«Malheureusement, la compagnie a négocié de mauvaise foi, malgré les souhaits de la ministre Raitt», a affirmé Doug Finnson, vice-président du syndicat, dans un communiqué. Il a ajouté qu'aucune autre rencontre avec la partie patronale était au programme.

«Le Canadien Pacifique se cache derrière le gouvernement fédéral depuis le tout début des négociations», a-t-il également déclaré.

Dans le communiqué, M. Finnson mentionne que le syndicat des Teamsters s'était assuré que les trains de banlieue à Montréal, Toronto et Vancouver soient opérationnels et qu'il n'y ait aucun impact sur les voyageurs. Mais le syndicat sait que l'adoption d'une loi de spéciale n'est qu'une question de temps.

De son côté, le président de Teamsters Canada, Robert Bouvier, s'est dit outré par «l'attitude démontrée à l'égard de ceux et celles qui font le succès du transporteur ferroviaire».

«Le CP veut attaquer les régimes de retraite que les travailleurs ont accumulés à la sueur de leur front au cours de dures années. Elle (la compagnie) se cache derrière l'excuse habituelle à savoir que l'entreprise doit être encore plus profitable. Pendant ce temps, ce sont les travailleurs qui doivent payer les pots cassés.»

Une économie fragile

Mme Raitt a aussi mentionné que les représentants gouvernementaux avaient abordé la question des impacts sur les secteurs industriel, agricole et minier, et qu'on rapportait que les effets de la grève se faisaient déjà ressentir sur leurs opérations.

De passage sur le plateau de l'émission Question Period, sur le réseau CTV, la ministre a déclaré que c'était en présence de ce genre d'impacts économiques que le gouvernement interviendrait.

«On parle ici des effets d'une grève prolongée et de ce qui arrive après sept, huit, neuf jours de débrayage. C'est à partir de ce moment-là que vous voyez poindre des impacts très significatifs sur l'économie», a-t-elle poursuivi.

L'économie canadienne demeure fragile et le pays ne peut se permettre une grève prolongée, a martelé la ministre Raitt, comme elle l'avait rappelé lors des conflits de travail chez Air Canada et Postes Canada.

La ministre avait prévenu la semaine dernière que son gouvernement était prêt à déposer un projet de loi dès lundi, si CP et la Conférence ferroviaire Teamsters Canada ne réussissaient pas à s'entendre sur un nouveau contrat de travail. Teamsters Canada représente à la fois les employés du CP et ceux du Canadien National (CN).

Mme Raitt affirmait, dimanche, être en mesure de la soumettre dès le lendemain, à la reprise des travaux en Chambre après une semaine de relâche sur la colline parlementaire.

Quelque 4800 travailleurs syndiqués chez CP débraient depuis mercredi, paralysant le service des trains de marchandises à travers le pays.

Cette interruption de travail n'est pas le seul dossier auquel doit faire face le gouvernement de Stephen Harper cette semaine en matière de travailleurs.

La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, fait l'objet d'une pression de plus en plus forte pour que des changements soient apportés aux nouvelles règles sur l'assurance-emploi, annoncées la semaine dernière à Ottawa.

Les partis d'opposition ont promis de se battre contre ces modifications, mais la menace la plus sérieuse pour le gouvernement conservateur pourrait bien être le ressentiment qu'entraîneront de tels changements chez les électeurs des Maritimes. Les travailleurs saisonniers de la région seront parmi les plus durement touchés par les nouvelles règles.

Les premiers ministres des provinces ont dénoncé la mesure, certains prévenant qu'elle pourrait entraîner un revers politique.