Le ministre de la Défense, Peter MacKay, est de nouveau sur la sellette. Après avoir été blâmé pour avoir sous-estimé de 10 milliards de dollars les coûts d'achat et d'entretien des F-35, voilà que le ministre est accusé d'avoir sciemment minimisé les coûts de la mission militaire du Canada en Libye, l'an dernier.

Cette mission a coûté en tout aux contribuables 103,6 millions de dollars, et non pas 50 millions de dollars, comme l'avait avancé M. MacKay en octobre dernier.

Les parlementaires ont pu apprendre les coûts de cette mission visant à libérer la Libye de l'emprise du dictateur Mouammar Kadhafi cette semaine lorsque le président du Conseil du Trésor, Tony Clement, a déposé à la Chambre des communes les volumineux rapports sur les plans et priorités du gouvernement pour l'exercice financier 2012-2013.

Le quotidien The Ottawa Citizen a avancé vendredi que la facture de cette mission frisait les 350 millions de dollars, mais cette somme comprend des dépenses comme le salaire des soldats, la dépréciation des équipements militaires pendant six mois, ainsi que d'autres dépenses qui auraient été engagées même si le Canada n'avait pas participé aux opérations en Libye.

Le major-général Jonathan Vance a tenu un point de presse en après-midi afin de clarifier le coût de la mission à la suite des hauts cris des partis de l'opposition à la Chambre des communes quelques heures plus tôt.

Il a soutenu que le ministre Peter MacKay n'a pas induit les contribuables en erreur en octobre lorsqu'il a affirmé, dans une entrevue accordée à CBC, que la mission avait coûté 50 millions de dollars. Cette somme était en effet le total des factures reçues par le Ministère à ce moment pour le déploiement dans la région de 650 militaires, sept avions de chasse CF-18, deux ravitailleurs, une frégate et des aéronefs de patrouille maritime.

Mais le ministère de la Défense avait aussi remis au ministre des estimations totalisant 106 millions de dollars, une somme que le ministre MacKay avait passée sous silence jusqu'ici.

«Le ministre avait raison de dire en octobre que la mission avait coûté 50 millions de dollars. C'était le cas en octobre», a dit le major général Vance, précisant que le Ministère compile des factures pendant des mois après la fin d'une mission. Il a aussi affirmé avoir présenté la facture de 103 millions devant un comité parlementaire le 12 février. Selon lui, le ministère de la Défense a donc été transparent.

Aux Communes, vendredi, le ministre Peter MacKay s'est défendu d'avoir minimisé la facture pour mieux faire passer la pilule aux contribuables, déjà en colère de voir que les coûts d'achat et d'entretien des F-35, qui doivent remplacer la flotte vieillissante des CF-18 d'ici 2023, aient été sous-estimés de 10 milliards de dollars.

«Ce que j'ai dit le 13 octobre, c'est que les chiffres que j'avais obtenus du Ministère démontraient que les coûts étaient inférieurs à 50 millions de dollars. Mais évidemment, la mission se poursuivait toujours. Il y a eu des prolongations. Il y avait aussi des coûts liés au rapatriement des soldats et de l'équipement», a expliqué M. MacKay.

Ces propos n'ont pas convaincu les partis de l'opposition. Pour la députée néo-démocrate Christine Moore, le ministre MacKay n'a plus la crédibilité pour diriger le ministère de la Défense. «Le ministre de la Défense a vraiment de gros problèmes avec les mathématiques», a-t-elle lancé aux Communes.

Le député libéral Denis Coderre s'est montré tout aussi cinglant envers Peter MacKay. «Une chance que ce n'est pas lui qui pilotait pendant les raids aériens, parce que je ne sais pas où les bombes auraient pu finir vu la façon dont il rate ses cibles budgétaires.»