Le commissaire aux langues officielles, Graham Fraser, doit composer avec des «compressions déguisées» qui l'obligeront à réduire le nombre de vérifications qu'il effectue pendant quelques années.

Comme La Presse l'a écrit le mois dernier, le bureau de M. Fraser a semblé épargné, à première vue, par les compressions dans le budget fédéral. Or, même si son budget est resté intact, il doit réduire ses dépenses courantes de 6,4 millions en quatre ans pour payer la mise à jour de son système informatique.

Le système de gestion des plaintes utilise une «technologie désuète», selon une lettre rédigée par le commissaire l'automne dernier, et il risque de tomber en panne «à tout moment».

Questionné par le député libéral Stéphane Dion en commission parlementaire, jeudi matin, M. Fraser a affirmé qu'il s'agit de «compressions déguisées».

«J'espère qu'on peut passer à travers l'intégration de cet investissement sans avoir un impact sur nos services, a-t-il indiqué au terme de sa présentation. Mais c'est évident qu'il y a un certain nombre d'activités qu'il faut déférer.»

Pour les prochaines années, son bureau devra faire moins de vérifications et moins d'études. L'organisme emploie 170 personnes, et certains postes seront abolis par attrition.

Le bureau de M. Fraser reçoit chaque année environ 1000 plaintes.

À long terme, précise toutefois le commissaire, l'implantation du nouveau système informatique permettra d'accélérer le traitement des plaintes. 

Mauvais moment

Yvon Godin, critique du Nouveau Parti démocratique en matière de langues officielles, estime que le gouvernement Harper n'aurait pu choisir pire moment pour imposer ces compressions au commissaire Fraser. Les coupes annoncées dans le dernier budget risquent déjà de toucher les services aux minorités linguistiques partout au pays.

«Il va y avoir des plaintes de partout», souligne M. Godin.

«Comment il va faire, avec ces coupes, s'il est obligé d'amener une cause devant la cour qui coûte des milliers de dollars?» a-t-il ajouté.

Le secrétaire parlementaire aux langues officielles, Jacques Gourde, rétorque que le commissaire Fraser n'est pas seul à devoir se serrer la ceinture. Tous les ministères doivent réduire leurs dépenses, a-t-il fait valoir.

«Je pense qu'il va être encore plus efficace quand il aura mis en place les nouvelles technologies de l'information, a-t-il souligné. Comme le commissaire l'a expliqué, il va pouvoir travailler de façon plus efficace, plus rapidement, et son système de classement va être meilleur.»