Au moment où les bureaux de scrutin fermaient leurs portes lundi soir en Alberta, des députés conservateurs fédéraux n'avaient aucune idée que leur véhicule politique de l'aile droite se dirigeait directement vers le fossé.

Des membres du caucus albertain de Stephen Harper, dont certains avaient ouvertement appuyé le Parti Wildrose, ont été estomaqués alors que les résultats électoraux commençaient à être connus, selon des sources bien placées.

Les progressistes-conservateurs d'Alison Redford sont demeurés au pouvoir avec une autre forte majorité, remportant 61 des 87 sièges de la province, et ce malgré une série de sondages qui suggéraient que Danielle Smith et le Wildrose allaient mettre fin à la dynastie conservatrice. Le Wildrose, qui comptait quatre députés et qui a entamé la campagne sur les chapeaux de roues, a terminé la soirée avec 17 élus.

L'équipe de campagne du Wildrose contenait plusieurs anciens conseillers de Stephen Harper et se rapprochait fortement des racines réformistes du premier ministre fédéral.

«Cela ressemble à une blessure à vif, aujourd'hui mardi», a reconnu un conservateur fédéral albertain bien placé.

Cette victoire surprise dans la province canadienne devenant tranquillement le centre politique et économique du pays a plusieurs implications sur la scène fédérale.

Duane Bratt, directeur du département des études politiques à l'Université Mount Royal de Calgary, estime qu'un gouvernement Redford sera bon pour le Canada.

«À bien des égards, Mme Redford veut que l'Alberta joue un meilleur rôle, un rôle plus important au sein de la Confédération, avec son influence économique et sa population», a-t-il mentionné.

«Mme Smith semblait avoir une vision différente.»

Du côté politique, le rejet des valeurs de conservatisme social défendues par certains candidats du Wildrose est un signe d'avertissement.

Le pouvoir latent de la stratégie électorale du «tout sauf...» pourrait en être un autre. La victoire de Mme Redford serait en effet due, en partie, à l'effondrement de l'appui des libéraux et néo-démocrates.

Ces deux théories seront examinées de près au Bureau du premier ministre Harper.

L'une de ces leçons, avance le sondeur Allan Gregg, un ancien stratège progressiste-conservateur fédéral désormais président de Harris-Decima, est que «les Canadiens détestent l'extrémisme. Ils le haïssent, particulièrement l'extrémisme en termes de valeurs sociales situées à droite.»

«C'est une leçon que M. Harper a comprise il y a bien longtemps.»

L'exemple albertain devrait aider le premier ministre à garder le contrôle sur certain de ses conservateurs aux valeurs sociales de droite alors que son caucus prend ses aises au sein de son mandat majoritaire.

Pour la néo-démocrate Linda Duncan, la seule députée fédérale albertaine non-conservatrice élue en mai dernier, l'élection provinciale «devrait avoir des implications nationales».

Mme Redford a parlé de travailler en collaboration avec Ottawa et les provinces, alors que «l'approche de M. Harper est de simplement d'imposer ces choses de façon unilatérale».