Ruth Ellen Brosseau pourrait bien se représenter sous la bannière du Nouveau Parti démocratique (NPD) lors des prochaines élections fédérales. La députée de Berthier-Maskinongé dit ainsi avoir eu la piqûre pour la vie politique, et qualifie son expérience de «très positive» jusqu'à maintenant.

Cela fera un an, cette semaine, que Mme Brosseau effectuait de nombreux appels à son domicile en provenance de Las Vegas, où elle célébrait son 27e anniversaire sous les lumières de la capitale américaine du jeu.

C'est à cette époque que son nom et sa photo ont commencé à circuler dans les médias, surprenant celle qui était alors gérante d'un bar fréquenté par des étudiants à Ottawa. Le Canada se trouvait alors en pleine campagne électorale fédérale, et Mme Brosseau en est sortie comme la représentante de la vague de candidats inconnus ayant contribué à l'étonnante vague néo-démocrate qui a submergé le Québec.

Mme Brosseau ne se doutait pas qu'un an plus tard, elle passerait une journée occupée dans sa circonscription -avec laquelle elle n'a aucun lien personnel-, pour y discuter de pyrite, d'hydravions, d'emplois d'été au fédéral et d'une exposition d'art avec ses concitoyens.

Lors de sa campagne, même le terme de «celle que l'on donne perdante» aurait été flatteur pour la décrire, elle et quelques dizaines d'autres candidats néo-démocrates du Québec.

Mme Brosseau n'a pas fait de porte-à-porte, n'a pas dépensé un cent sur sa campagne et n'a même jamais mis les pieds dans la circonscription dans laquelle elle se présentait.

Des allégations laissaient également entendre qu'elle ne parlait pas français, même si sa circonscription était peuplée de francophones à 98 pour cent.

La «vague orange» a cependant fait son oeuvre, et Mme Brosseau a été propulsée vers la victoire dans sa circonscription, dans ce qui a sans doute été la victoire la plus inattendue de ces élections.

C'est lors de ses vacances à Las Vegas que les médias ont commencé à s'intéresser à elle. Mme Brosseau a lu quelques articles sur son voyage qui tombait dans un mauvais moment.

«Je ne voulais pas y accorder trop d'attention parce que je ne voulais pas être trop stressée», a déclaré Mme Brosseau dans son bureau de circonscription à Louiseville, à environ 100 kilomètres au nord-est de Montréal.

Au lieu de rentrer immédiatement chez elle, Mme Brosseau est demeurée là où elle était. Elle a indiqué que le voyage n'avait duré que quelques jours, et que l'idée de le raccourcir n'était même pas une possibilité.

«Je n'avais pas assez d'argent en banque pour acheter un autre billet, a-t-elle admis. Le tout était prépayé depuis longtemps, alors je n'avais pas d'argent pour cela.»

Depuis les élections du 2 mai, la mère monoparentale gagne un salaire annuel de 157 000$ en tant que députée à la Chambre des communes.

Les députés néo-démocrates, y compris Mme Brosseau, font actuellement circuler une pétition demandant au gouvernement conservateur d'aider plus de 1000 victimes de la pyrite de la région pour payer les réparations de leurs habitations, dont les coûts peuvent varier entre 80 et 120 pour cent de la valeur de leurs maisons.

«Nous sommes ici pour les défendre», a expliqué Mme Brosseau aux journalistes.

«Nous travaillons pour vous, a-t-elle ajouté dans un message destiné à ses électeurs. Il est temps de mettre de la pression sur le gouvernement Harper, il est temps de réagir. Il s'agit de nos voisins, de nos amis.»

Mme Brosseau a rencontré 25 des 34 maires de sa circonscription.

Elle dit apprécier le fait de parler avec les gens et défendre leurs intérêts.