Un peu moins d'un mois après avoir pris la tête du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair a confié des rôles-clés à ses rivaux dans la course au leadership.

M. Mulcair a dévoilé, jeudi, son cabinet fantôme qui mènera la charge chaque jour contre le gouvernement Harper aux Communes. Le député d'Outremont avait promis de ne pas procéder à une purge après sa victoire dans la course à la chefferie, et son remaniement semble le confirmer. Il réserve en effet des rôles de premier plan à chacun de ses adversaires.

Nathan Cullen sera le leader parlementaire à la Chambre des communes. Peggy Nash sera critique en matière de Finances. Paul Dewar reprend le dossier des Affaires étrangères qu'il pilotait avant de lancer sa candidature. Roméo Saganash questionnera le gouvernement sur le Développement international. Et Niki Ashton hérite de la Condition féminine.

Les deux autres adversaires de M. Mulcair dans la course, Brian Topp et Martin Singh, ne peuvent jouer un rôle dans le cabinet fantôme, puisqu'ils ne sont pas députés.

M. Mulcair avait déjà tendu une fleur aux supporters de M. Topp, le soir de sa victoire, lorsqu'il a nommé Libby Davies comme chef adjointe. Mme Davies, de Colombie-Britannique occupait le même rôle sous Jack Layton. Elle est associée à l'aile gauche du NPD.

Le chef a annoncé, le 19 avril, qu'il s'entoure de deux autres adjoints, l'Ontarien David Christopherson et la Néo-Écossaise Megan Leslie. Tous deux avaient appuyé sa candidature lors de son élection. Mme Leslie était restée neutre pour la quasi-totalité de la course avant de s'afficher en faveur de M. Mulcair le soir même du vote.

Le député québécois sera donc flanqué d'adjoints provenant de l'Ouest, de l'Ontario et des Maritimes.

Nycole Turmel, qui a dirigé le NPD par intérim, devient whip.

Des Québécois dans le coup

Des députés québécois obtiennent des promotions. Sadia Groguhé (Saint-Lambert) devient leader parlementaire adjointe. Lysane Blanchette-Lamothe (Pierrefonds-Dollard), active dans le dossier de la réforme des pensions, devient critique en matière d'aînés. Hélène Leblanc (LaSalle-Émard) hérite de l'industrie. Mathieu Ravignat (Pontiac) mènera la charge contre le président du Conseil du Trésor, Tony Clement.

Quant au député montréalais Alexandre Boulerice, qui occupait ce dernier rôle, il devient critique en matière de Travail. Cette nouvelle affectation peut ressembler à une rétrogradation à première vue. Mais au NPD, on explique qu'il jouera un rôle majeur dans les prochains mois: tisser des liens entre le parti et les syndicats québécois.

Les syndicats sont la base électorale traditionnelle du NPD au Canada anglais, mais cet appui a longtemps fait défaut au parti en sol québécois. En tant que critique en matière de Travail, M. Boulerice, aura l'occasion de s'attaquer à ce problème. Il est d'ailleurs lui-même issu des rangs syndicaux.

Parmi les perdants du remaniement, on note Joe Comartin, qui était leader parlementaire sous Nycole Turmel. Il sera désormais responsable de la Réforme démocratique.

Le député de Winnipeg-Centre, Pat Martin, l'un des soldats les plus efficaces du NPD, conserve son poste de critique sur la Commission canadienne du blé. Bien des observateurs auraient pu prédire un rôle plus important pour le député, puisque le gouvernement Harper vient d'abolir cet organisme.

M. Martin est visé par une poursuite de 5 millions de l'entreprise albertaine RackNine, ce centre d'appels qui se trouve au coeur de l'affaire des appels frauduleux.

La députée montréalaise Hélène Laverdière a cédé sa place comme critique aux Affaires étrangères à la faveur de Paul Dewar. Elle reste impliquée dans le dossier Amériques et affaires consulaires.