Les ministres du cabinet fédéral auraient dû savoir que le véritable coût d'achat des nouveaux chasseurs était beaucoup plus élevé que les montants discutés publiquement, a suggéré jeudi le vérificateur général.

Les remarques de Michael Ferguson ont été comme une douche d'eau froide tombant sur les conservateurs et leurs tentatives de blâmer les errements du programme des F-35 sur des fonctionnaires fournissant des informations erronées.

L'opposition a accusé les conservateurs de tenter d'avoir raison sur les deux fronts : se dire d'accord avec le rapport du vérificateur général sur un processus d'achat transformé en véritable imbroglio, tout en n'acceptant aucune responsabilité ou refusant d'admettre que le Parlement a été mal informé.

Le rapport de M. Ferguson, déposé cette semaine et faisant la lumière sur la façon dont le gouvernement planifie le remplacement des CF-18 approchant de la fin de leur vie utile, indique que ni les responsables de la Défense, ni ceux des Travaux publics n'avaient fait preuve d'assez de diligence ou supervisé correctement le processus.

Ces mêmes responsables auraient également dissimulés les coûts réels, affirmant en public que les chasseurs coûteraient environ 14 milliards $, alors qu'ils savaient que le véritable montant se rapprochait plutôt de 25 milliards $.

Selon le vérificateur général, le Parlement aurait ainsi été mal informé. Mais la faute n'en incombe pas seulement aux fonctionnaires, a-t-il déclaré jeudi à des journalistes, alors que l'affaire dominera certainement les échanges de la session parlementaire printanière.

«Je ne peux pas parler aux gens qui étaient au courant, mais il s'agissait d'informations qui ont été préparées au sein du ministère de la Défense, a dit M. Ferguson, et je suis certain que ces informations ont été transmises au gouvernement.»

Selon le rapport de M. Ferguson, le gouvernement aurait eu ces informations entre les mains un an avant la parution du rapport du Bureau du directeur parlementaire du budget, qui parle lui aussi d'un prix de 25 milliards $.

C'était cet examen des coûts qui avait en partie forcé le déclenchement d'élections, le printemps dernier, alors que le gouvernement conservateur était tombé à la suite de l'adoption d'une motion de défiance liée à au refus de divulguer les coûts complets des avions.

Les conservateurs avaient rejeté l'étude du directeur parlementaire du budget, arguant qu'il comportait des erreurs de calcul, mais ils ont accepté celui du vérificateur général, même si les ministères de la Défense et des Travaux publics ont indiqué qu'ils n'étaient pas en accord avec les conclusions du document.

En réponse, tous les budgets du projet ont été gelés et le gouvernement a annoncé un nouveau mécanisme de surveillance du processus d'achat des F-35, un secrétariat interministériel formé de ministres adjoints chargé de superviser le tout.

Sans effectuer une analyse en profondeur de leurs plans, il est impossible de savoir s'ils corrigeront leurs problèmes, a dit M. Ferguson aux députés, jeudi.

Pour sa part, le leader libéral par intérim, Bob Rae, est d'avis que si les conservateurs sont en accord avec le vérificateur général, ils doivent également accepter sa conclusion voulant que le Parlement n'a pas eu droit à la vérité, et qu'il doit y avoir des conséquences.