Les fonctionnaires fédéraux devraient savoir à quoi s'en tenir dès cette semaine, alors qu'Ottawa s'apprête à couper 19 200 postes d'ici trois ans.

Selon le président de l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC), John Gordon, «la plupart» des ministères informeront leurs employés de leur situation en milieu de semaine. «Il y a un nombre important de nos membres qui sont très inquiets, comme vous pouvez l'imaginer», a-t-il noté lundi.

Dans le budget déposé jeudi dernier par le ministre des Finances Jim Flaherty, 12 000 mises à pied sont prévues dans la fonction publique fédérale, en plus d'environ 7200 départs volontaires ou à la retraite qui ne seraient pas remplacés.

En parcourant le document de 500 pages, on peut lire que les départs seraient «dans une grande proportion» concentrés à Ottawa-Gatineau. Le ministre John Baird a pour sa part évoqué récemment des compressions de 4800 postes dans la région de la capitale fédérale.

Les avis que recevront les fonctionnaires surviennent de façon «très rapide», a admis M. Gordon, ce qui n'est pas nécessairement une mauvaise chose, selon lui, puisque cela laissera plus de temps à ceux qui recevront une mauvaise nouvelle pour affronter la situation.

«Certains préfèrent savoir immédiatement et d'autres espèrent pour le mieux que leur nom ne soit pas sur la liste», a-t-il indiqué, ajoutant que le rôle du syndicat sera de s'assurer que chacun ait accès à ce à quoi il a droit.

Le gouvernement conservateur est en mesure de mettre le pied sur l'accélérateur avec ces compressions parce qu'il avait déjà demandé à chacun des ministères un examen stratégique envisageant des scénarios de coupes de 5 et de 10 pour cent de leur budget de fonctionnement.

Pour la députée néo-démocrate de Gatineau, Françoise Boivin, le gouvernement agit rapidement parce qu'il savait exactement où il voulait aller, sans pour autant avoir fait preuve de transparence à l'endroit de son personnel. On ignore en effet pour l'instant quels seront les ministères les plus touchés par les mises à pied.

«Ça m'inquiète énormément pour l'économie de notre région (...). Ça va créer beaucoup d'incertitude», a-t-elle signalé.

Les avis de mercredi seront nécessairement suivis d'un jeu de chaises musicales complexe, puisqu'un employé dont le poste est aboli pourrait bien venir en déplacer un autre ou combler un départ à la retraite. Les mises à pied pourraient donc n'entrer en vigueur que dans plusieurs mois.

«C'est très difficile pour les employés et leur famille. Il y a un processus compliqué d'effet domino qui prend place, ce qui signifie que beaucoup de gens ne sauront pas pour un bout de temps s'ils auront un travail et quelle en sera la nature», a noté le chef libéral Bob Rae.

Le leader néo-démocrate Thomas Mulcair craint pour sa part que ce soient les services à la population qui écopent avec les compressions du gouvernement de Stephen Harper.

«Toute la pyramide de l'administration publique existe pour faire une seule chose: livrer un service direct à la population. Or la dernière chose qu'il faut couper, c'est le service lui-même», a avancé M. Mulcair.

«Malheureusement, avec les conservateurs, c'est la première chose qu'ils coupent», a-t-il déploré, citant au passage des compressions dans les budgets réservés pour l'inspection des aliments et la sécurité aérienne.

Aux Communes, le leader du gouvernement en Chambre ne s'est pas laissé ébranler par les questions de l'opposition, continuant de marteler que le budget conservateur allait mettre le Canada sur le bon chemin.

«Ce budget se concentre sur les priorités clés des Canadiens, tout en s'assurant d'être sur la bonne voie pour créer de l'emploi», a assuré Peter Van Loan.