Christian Paradis est de nouveau dans l'embarras. Le Parti libéral et le Nouveau Parti démocratique (NPD) ont réclamé une nouvelle enquête de la commissaire à l'éthique et aux conflits d'intérêts de la Chambre des communes, mardi, à la suite de nouvelles révélations à son égard.



Le réseau CTV a rapporté lundi soir que le ministre de l'Industrie avait séjourné, en 2009, au camp de chasse de Marcel Aubut pour y chasser l'orignal alors que ce dernier sollicitait du financement fédéral pour la construction de l'amphithéâtre de Québec.

À l'époque, M. Paradis était responsable du portefeuille des Travaux publics. Il était aussi lieutenant politique du premier ministre Stephen Harper au Québec. M. Paradis ainsi que d'autres invités dont le nom n'a pas été révélé ont participé à l'expédition.

«Je me suis déplacé, à ce voyage, selon mes propres moyens, a affirmé Christian Paradis lors de la période de questions. J'ai assumé ma juste part des coûts, comme à toutes les autres expéditions de chasse que j'ai faites. M. Aubut n'a jamais fait de pression sur moi, aussi bien avant que pendant ce voyage.»

Sa directrice des communications, Margaux Stastny, a toutefois précisé que la question de l'amphithéâtre avait bel et bien été soulevée durant la fin de semaine, mais que M. Paradis avait dirigé son hôte vers sa collègue Josée Verner, qui était à l'époque responsable des dossiers de la Capitale-Nationale.

Marcel Aubut, en voyage à l'extérieur du pays, n'a pu commenter l'affaire. Son porte-parole, Dimitri Soudas, a affirmé que son patron n'avait fait aucun lobbyisme auprès du ministre. M. Aubut, ancien président des Nordiques de Québec, est aujourd'hui président du Comité olympique canadien et est toujours avocat au cabinet Heenan Blaikie.

La commissaire à l'éthique, Mary Dawson, a quant à elle confirmé avoir reçu la plainte déposée par le Parti libéral. Elle n'a pas encore déterminé si elle enquêtera dans ce nouveau dossier.

Autre enquête et condamnation

Or, quelle que soit la décision de la commissaire, les libéraux et le NPD réclament la démission du ministre de Thetford Mines. En voyage au Japon, le premier ministre Stephen Harper a refusé de l'accorder. «Les informations que j'ai indiquent que c'était un voyage privé et qu'il n'y a pas de lien, à ma connaissance, avec des affaires du gouvernement», a-t-il tranché, visiblement prudent.

C'est la troisième fois en quelques semaines que le nom de son lieutenant québécois est mêlé à des allégations de conflit d'intérêts ou de traitement de faveur.

Jeudi, la commissaire à l'intégrité et aux conflits d'intérêts a rendu une décision dans une autre enquête le concernant, celle de l'ex-député conservateur Rahim Jaffer. La commissaire a jugé que M. Paradis s'était placé en conflit d'intérêts et avait accordé un traitement de faveur à son ancien collègue en donnant l'ordre à un employé d'organiser une rencontre avec des fonctionnaires pour donner un coup de main à l'entreprise de M. Jaffer. Les faits dans cette affaire remontent aussi à 2009. Dans ce cas-ci également, aucun financement fédéral n'a été accordé.

La commissaire Dawson enquête également sur les agissements du ministre Paradis dans un autre dossier, celui d'un immeuble de Thetford Mines détenu par un ex-associé, et dans lequel le gouvernement a un bail jusqu'en 2018. Il a affirmé dans un journal local avoir fait des représentations pour que le centre de traitement des demandes d'assurance emploi de Rimouski soit déménagé dans ce centre de Service Canada de Thetford Mines. M. Paradis poursuit le député du NPD Guy Caron pour atteinte à sa réputation dans cette affaire.

- Avec La Presse Canadienne