L'économie et le commerce international ont pris mardi une place importante à Séoul, en Corée du Sud, aux dernières heures du Sommet sur la sécurité nucléaire.

Le premier ministre Stephen Harper a eu des entretiens bilatéraux à ce sujet avec les leaders de l'Inde et de l'Italie. Il a ensuite signalé qu'il lui paraissait clair que la fragilité de l'économie mondiale demeurait la principale préoccupation des dirigeants mondiaux.

D'autre part, le premier ministre a répété l'engagement du Canada dans des accords internationaux de lutte au terrorisme nucléaire, incluant un investissement supplémentaire de 367 millions $ dans le Programme de partenariat mondial, lancé en 2002 par les pays membres du G8 et auquel le Canada a déjà contribué plus de 800 millions $. Le Programme de partenariat mondial «appuie les efforts visant à renforcer la sécurité mondiale en luttant contre la menace du terrorisme nucléaire, radiologique, biologique et chimique».

M. Harper a également annoncé que le Canada et les États-Unis intensifieront leurs efforts pour retourner aux États-Unis d'autres stocks d'uranium hautement enrichi actuellement entreposés aux laboratoires de Chalk River, en Ontario. Ottawa collaborera aussi à la conversion de réacteurs nucléaires mexicains à l'uranium faiblement enrichi.

Lors du Sommet sur la sécurité nucléaire de 2010, le Canada s'était engagé à renvoyer aux États-Unis l'uranium hautement enrichi usé d'ici la fin de 2018. L'annonce faite mardi bonifie ce processus.

Le Canada a enfin versé 5 millions $ au Fonds pour la sécurité nucléaire de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), en plus des 17 millions $ déjà versés à cette agence qui coordonne les efforts internationaux de sécurité nucléaire. Le premier ministre explique par voie de communiqué qu'en agissant ainsi, le Canada contribue à contrer la menace du terrorisme nucléaire.

«La sécurité du monde dépend des gestes que nous posons, a dit le président américain Barack Obama, qui a créé ce sommet et accueilli le premier en 2010. Il y a encore trop de gens méchants qui veulent obtenir ces matières dangereuses, et ces matières dangereuses sont encore trop vulnérables dans trop d'endroits. Il n'en faudrait pas beaucoup - seulement une poignée - pour tuer des centaines de milliers d'innocents.»

Pour les terroristes, l'obtention de plutonium ou d'uranium hautement enrichi est l'étape la plus difficile de la fabrication d'une arme nucléaire ou d'un dispositif nucléaire improvisé. Pour les déjouer, la communauté internationale entrepose l'uranium hautement enrichi usé ou non dans un nombre réduit d'emplacements sécuritaires, et regroupe les stocks nationaux.

Le premier ministre Harper a estimé que le terrorisme nucléaire est «une des plus importantes menaces à la sécurité mondiale aujourd'hui». Le Canada affirme que le renvoi d'uranium hautement enrichi aux États-Unis contribuera à la sécurisation des stocks et lui procurera des économies importantes de gestion à long terme.

M. Harper a ensuite déclaré que cette question a été éclipsée lors d'entretien bilatéraux avec l'Italie, l'Espagne, l'Inde et l'Union européenne, où il a surtout été question de commerce et d'investissements étrangers.

«Je crois que ce n'est un secret pour personne: si on parle à la majorité des dirigeants aujourd'hui, l'économie mondiale et leurs économies nationales sont au sommet de leurs préoccupations, a-t-il dit. Nous travaillons fort avec d'autres pour créer des emplois, et générer de la croissance et de la prospérité à long terme. Nous croyons qu'ultimement, en tant que pays commercial, tous nos intérêts sont liés.»

Même si la question de la Corée du Nord ne figurait pas au programme du sommet, le président Obama l'a remise à l'avant-scène mardi en mettant au défi les leaders du pays isolé d'avoir le courage de travailler à rétablir la paix.

«Je crois que les pays du monde, et le Canada avec eux, s'entendent pour dire que le lancement récent d'un satellite par la Corée du Nord contrevient aux résolutions de l'ONU, a dit M. Harper. Malheureusement, comme vous le savez, ce régime semble prendre plaisir à irriter la communauté internationale.»

Au moment où le premier ministre prenait la parole, le ministre fédéral des Affaires étrangères, John Baird, rentrait d'une excursion clandestine à la zone démilitarisée entre les deux Corées, en compagnie d'une poignée de députés. M. Baird a annoncé ce déplacement sur Twitter, profitant de l'occasion pour condamner le régime nord-coréen.