Conscient que certaines de ses mesures soulèvent la controverse au Québec, le gouvernement Harper ne veut pas pour autant devenir l'un des principaux enjeux de la prochaine campagne électorale dans la province.

Des stratèges conservateurs se penchent depuis quelques semaines sur la meilleure façon d'éviter le piège que veut manifestement leur tendre la chef du Parti québécois (PQ), Pauline Marois, en prévision de la prochaine bataille électorale.

Pour l'heure, ils jugent que la meilleure stratégie pour faire dérailler les attaques à venir de la chef péquiste est de ne pas s'immiscer dans la campagne, qui peut être déclenchée à tout moment.

«Nous n'avons pas l'intention de répondre à tout ce qu'elle va nous lancer. Nous comprenons très bien que, pour le Parti québécois, c'est la dispute qui les anime et la dispute, c'est toujours avec le gouvernement fédéral. Nous n'avons pas l'intention d'embarquer dans leur jeu», a indiqué une source conservatrice digne de foi.

Les stratèges conservateurs conviennent qu'il existe des frictions entre Ottawa et Québec dans certains dossiers, comme le projet de loi C-10 sur le durcissement des peines. Mais ils soulignent que le gouvernement Harper agit uniquement dans les domaines qui relèvent de ses compétences.

«De toute évidence, le Parti québécois n'aime pas que notre gouvernement respecte jalousement depuis 2006 les champs de compétence des provinces. Il n'y a plus de querelles constitutionnelles entre Ottawa et Québec. Il y a des divergences de points de vue sur des projets de loi particuliers, comme C-10. Mais dans ce cas comme dans les autres, c'est le gouvernement fédéral qui agit dans un de ses champs de compétence», a ajouté cette source conservatrice.

Une autre source a aussi affirmé que le gouvernement Harper a un bilan qui se défend bien au Québec, soulignant qu'il ne s'immisce pas dans les champs de compétence des provinces et qu'il a éliminé le déséquilibre fiscal qui a longtemps empoisonné les relations fédérales-provinciales, entre autres.

«Le Québec recule»

Au cours des dernières semaines, Pauline Marois a multiplié les attaques contre le gouvernement Harper, l'accusant de mettre de l'avant des orientations qui vont à l'encontre des valeurs et des intérêts des Québécois.

Elle a notamment souligné l'abolition du registre des armes d'épaule, le rejet du protocole de Kyoto, la nomination de deux juges unilingues anglophones et du vérificateur général, ainsi que la promotion de la monarchie britannique dans les institutions canadiennes.

«Non seulement le Québec n'a pas avancé depuis le référendum de 1995 au point de vue constitutionnel, mais depuis l'arrivée des conservateurs de Stephen Harper au pouvoir à Ottawa, le Québec recule», a lancé Mme Marois le mois dernier.

Mme Marois a même écrit à Stephen Harper pour réclamer une rencontre au sujet de l'abolition du registre des armes d'épaule, une requête que le premier ministre a rejetée.

Au bureau du premier ministre, un porte-parole, Carl Vallée, a soutenu que la priorité du gouvernement est l'économie du pays et non les bisbilles constitutionnelles du passé.

«Notre priorité, et la priorité des Québécois, est la création d'emplois et la croissance économique. Nous respectons nos engagements pris envers les Québécois pendant la campagne de 2011. Notre gouvernement pratique un fédéralisme d'ouverture qui respecte les champs de compétence des provinces et nous comprenons que cela ne plaise pas à Pauline Marois. Le PQ est déconnecté de la réalité des Québécois qui ne sont pas intéressés aux chicanes constitutionnelles du passé», a dit M.Valllée.