L'agence canadienne d'espionnage estime que les visites surprises sur les lieux de travail constituent une «stratégie d'investigation légitime», en dépit des préoccupations soulevées au sein de la population par cette pratique, selon une note de politique nouvellement rendue publique.

Cette note, datée de novembre 2005, a récemment fait surface relativement à une plainte formulée par une femme d'Ottawa qui n'a pas accepté que des agents du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) lui aient rendu visite à son bureau.

Le document, précédemment gardé secret, démontre que les agents du SCRS cherchent à se présenter sans prévenir aux bureaux de travailleurs afin de les intimider, a affirmé Paul Champ, l'avocat de la plaignante.

M. Champ a affirmé que cette stratégie visait à rendre les gens mal à l'aise afin de les inciter à parler.

La femme qui a porté plainte, une ressortissante canadienne originaire du Moyen-Orient, souhaite que son nom ne soit pas publié, compte tenu de l'attention non souhaitée dont elle a déjà été la cible, a indiqué l'avocat.

En 2006, deux agents du SCRS se sont présentés à l'improviste à l'appartement de la femme, avant une troisième visite, cette fois prévue. Elle a alors affirmé aux agents n'avoir rien d'autre à ajouter, mais ces derniers ont persisté, l'ont appelé à son travail puis se sont rendus sur place.

La femme a par la suite porté plainte auprès de l'organisme chargé de garder un oeil sur le SCRS.

À la fin d'octobre 2005, Jim Judd, alors directeur du SCRS, a affirmé à des sénateurs qui se penchaient sur la législation antiterrorisme que les membres de l'agence d'espionnage n'étaient pas malintentionnés lorsqu'ils se rendaient sur les lieux de travail de personnes.

M. Judd a assuré que les gens étaient libres de dire aux enquêteurs qu'ils préféraient «les rencontrer ailleurs, à la maison, dans un restaurant, un café ou dans un parc».

Les visites surprises sur les lieux de travail de membres de la communauté musulmane étaient chose courante au moment où la note a été rédigée, mais elles sont moins fréquentes depuis quelques années, a indiqué Ihsaan Gardee, directeur général du Conseil des relations américano-islamiques.