Une Montréalaise qui en avait ras le bol du premier ministre Stephen Harper s'est adressée à la reine Élisabeth II pour demander son congédiement. Surprise! Chantal Dupuis a reçu une réponse du bureau de Sa Majesté cette semaine. La lettre indique qu'il «est hors de question pour la Reine de démettre de ses fonctions le premier ministre Stephen Harper».

C'est une accumulation d'actions menées par le premier ministre canadien qui a poussé Mme Dupuis à écrire à la reine en décembre dernier. Dans sa lettre, elle dénonce notamment le processus de nomination du gouverneur général du Canada, «qui laisse trop de place à la partialité»; la nomination de sénateurs «sur la base de leur allégeance politique»; la prorogation du Parlement à deux reprises en un an ou encore la participation du Canada à un crime de guerre «en aidant à tuer Mouammar Kadhafi».

Mais c'est lorsque Stephen Harper a été déclaré coupable d'outrage au Parlement, en mars 2011, que la goutte a fait déborder le vase.

Une missive de six pages

«Ça faisait un an que je tempérais en moi-même tout ce qui se passait sur la scène fédérale. Quand Harper a été reconnu coupable d'outrage au Parlement et que personne n'a bougé, que le gouverneur général n'a pas fait son travail, ça a commencé à mettre le feu aux poudres dans ma tête», raconte-t-elle.

Mme Dupuis a payé 18 dollars pour envoyer sa lettre par courrier recommandé au palais de Buckingham. Dans la missive de six pages, elle affirme que les décisions de Stephen Harper sont néfastes pour la démocratie canadienne et elle demande son congédiement. De plus, elle se questionne à plusieurs reprises sur les véritables pouvoirs de la reine. «En tant que Canadienne, je me demandais quand Votre Majesté alliez intervenir pour nous protéger, nous, Canadiens?», «Comment pourrait Votre Majesté ne rien y faire en tant que Chef du Canada? Ça ternit l'histoire du Commonwealth, n'est-ce pas?», demande-t-elle.

Une réponse personnalisée

Mme Dupuis avoue qu'elle a été surprise de recevoir une réponse personnalisée. La lettre de quelques lignes et signée par Sonia Bonici, la correspondante officielle de la reine, laisse même entendre qu'Élisabeth II aurait véritablement pris connaissance de son opinion. «Il a été utile pour la Reine de connaître votre point de vue», est-il écrit.

Le message rédigé par le bureau de souveraine laisse toutefois Mme Dupuis sur sa faim. Plusieurs questions sont restées sans réponse, soutient-elle. Dans les prochains jours, elle compte lui écrire une nouvelle lettre afin de mieux comprendre son rôle dans la démocratie canadienne.

Elle espère d'ailleurs que d'autres l'imiteront. Au départ, le but de sa lettre était de se «défouler». Mais en la rédigeant, elle s'est mise à imaginer que d'autres personnes pourraient faire comme elle.

«Si chacun a une idée pour changer le monde pour que ça aille mieux, il devrait l'écrire et l'envoyer à son député... ou à la reine», propose-t-elle.

Quoi qu'il en soit, Mme Dupuis admet que toute cette aventure lui aura servi de «thérapie». «Maintenant, quand j'entends une aberration en politique fédérale, je rage un peu et puis après, je me calme en me disant que je l'ai déjà raconté à la reine.»