Lorsqu'il a quitté le cabinet de Jack Layton pour devenir le directeur général du Nouveau Parti démocratique (NPD) en mai 2009, Brad Lavigne a pris soin d'en aviser la Chambre des communes pour cesser d'être rémunéré à même des fonds publics.

«J'ai démissionné de mon poste au cabinet de M. Layton et j'ai demandé à la Chambre des communes de cesser de me payer parce que je suis devenu un employé du NPD et, à ce titre, j'étais payé par le parti», a affirmé M. Lavigne dans une entrevue à La Presse.

Le cas de M. Lavigne tranche avec celui de Gilbert Gardner, qui a été directeur général du Bloc québécois de 2004 à 2011. L'ancien chef bloquiste Gilles Duceppe a payé le salaire de M. Gardner, d'environ 100 000$ par année, en puisant dans le budget de fonctionnement de son cabinet à Ottawa.

La Presse a révélé hier que Gilles Duceppe et son entourage auraient laissé la Chambre des communes dans l'ignorance pendant des années quant aux fonctions partisanes qu'exerçait Gilbert Gardner au sein du Bloc québécois.

Selon des informations recueillies auprès de plusieurs sources, c'est à titre de «conseiller spécial» que M. Gardner a d'abord été embauché au cabinet de M. Duceppe, sur la colline parlementaire, en janvier 2004. Ce n'est que sept mois plus tard, le 31 août 2004, que M. Gardner a changé de statut au sein du parti. Il est devenu directeur général du Bloc québécois et a gardé ce titre jusqu'en 2011.

Mais ce changement de fonctions n'aurait pas été communiqué aux fonctionnaires responsables de la gestion des ressources humaines de la Chambre. «La Chambre des communes n'a jamais été formellement avisée que M. Gardner occupait de nouvelles fonctions en 2004», a confirmé une source très au fait de la situation.

Il appert que le NPD a fait les choses autrement dans le cas de Brad Lavigne. Ce dernier a travaillé au service de recherche du NPD sur la colline parlementaire à partir de 2006. À ce titre, il était un employé de la Chambre des communes et son salaire était payé à même le budget de fonctionnement du cabinet de Jack Layton à Ottawa.

Mais en 2009, six mois après les élections fédérales, M. Layton lui a demandé de devenir le directeur général de son parti, et il a commencé son nouveau travail le 1er mai de la même année. Mais en août dernier, il est revenu travailler sur la colline parlementaire à titre de secrétaire principal du chef de l'opposition officielle et a pris un congé sans solde du NPD.

«Je ne fais plus aucun travail partisan pour le parti en ce moment parce que je suis au cabinet du chef de l'opposition et je suis de nouveau rémunéré par la Chambre des communes. Mais il est évident que je n'ai jamais touché un salaire de la Chambre des communes pendant que j'occupais le poste de directeur général du NPD», a affirmé M. Lavigne.

Gilles Duceppe et le Bloc québécois soutiennent que payer le salaire du directeur général d'un parti politique est conforme aux règles de la Chambre des communes, puisque la définition de «fonctions parlementaires» des députés, pour l'exécution desquelles un budget leur est accordé, inclut les «questions partisanes».

Mais les autres partis sont de l'avis contraire: ils ont tous dénoncé cette interprétation qu'ils jugent illégale et juré qu'ils payaient eux-mêmes leur directeur général.