Ottawa a conclu une entente de collaboration avec l'Allemagne pour y établir sa base stratégique en Europe, qui pourrait fournir un appui aux troupes canadiennes lors d'un éventuel conflit armé.

Le ministre canadien de la Défense nationale, Peter MacKay, en a fait l'annonce mardi à Ottawa après une rencontre avec son homologue allemand, Thomas de Maizière.

La base canadienne en Europe sera ainsi installée à l'aéroport Cologne-Bonn, située à peu près à mi-chemin entre ces deux villes allemandes.

Au cours des dernières années, la Défense nationale a discrètement envisagé différents emplacements dans des régions stratégiques du globe pour l'établissement de bases logistiques et d'entrepôts de taille modeste, mais qui pourraient être rapidement agrandies en cas de besoin.

Peter MacKay a affirmé que de telles installations avaient prouvé leur très grande utilité pendant la guerre en Afghanistan.

MM. MacKay et de Maizière ont fait l'éloge de la relation entre les deux pays depuis la Seconde Guerre mondiale, notamment en signant des ententes de collaboration militaire.

Les deux ont cité des exemples d'une coopération plus étroite, dont la location, en 2007, de 20 chars Leopard 2 A6 m à l'armée canadienne combattant à Kandahar et la myriade de liens avec l'industrie allemande de la Défense.

«Il y a d'autres projets de collaboration qui sont en cours», a ajouté M. de Maizière.

Lundi, une entreprise allemande a discrètement annoncé qu'elle avait conclu un contrat avec Ottawa relativement à la conception d'un des nouveaux navires canadiens de ravitaillement.

L'entreprise ThyssenKrupp Marine Systems, ainsi que Blohm-Voss Naval, ont signé une entente à Hambourg avec Travaux publics Canada. Les deux géants du secteur de la défense modifieront le design du navire de transport de classe Berlin pour l'adapter aux besoins éventuels de la Marine royale canadienne. Les plans allemands feront compétition à un concept mis sur pied au quartier général de la Défense nationale.

Un haut responsable de la Défense a précisé que la compétition entre les plans est importante puisque celui conçu par la marine canadienne n'a pas encore fait ses preuves et pourrait se révéler risqué en termes de coûts.

«Ils construisent actuellement le troisième ou quatrième navire de classe Berlin en ce moment. Tous les risques techniques, les risques de délais, les incertitudes reliées aux coûts sont chose du passé, et tous les problèmes ont été réglés», a indiqué ce responsable, qui a tenu à conserver l'anonymat.

Le gouvernement Harper a insisté sur le fait que la conception et la construction des nouveaux navires de guerre et de soutien devaient être effectuées au pays. Puisque la marine ne construira que deux navires de soutien, peut-être trois, l'idée d'un design «maison» est vue comme étant improbable puisque, au fur et à mesure que les erreurs sont corrigées, les bâtiments sont construits et le programme prend fin.

Le chef de la marine canadienne, le vice-amiral Paul Maddison, a insisté, lors d'une récente entrevue avec La Presse Canadienne, sur le fait qu'aucune décision n'avait encore été prise pour accepter un plan ou l'autre.

Avoir une procédure double a été bénéfique, a-t-il dit.

«Nous en arriverons bientôt au choix du design, ce que j'aimerais voir avant la fin de l'année 2012», a dit le vice-amiral Maddison.