Brian Topp s'est retrouvé au coeur des échanges les plus musclés, dimanche, lors du troisième débat des candidats à la direction du Nouveau Parti démocratique. Un affrontement qui a donné lieu à des échanges plus mordants que les précédents, et où l'Ontarien Paul Dewar a été pris à partie pour avoir choisi un unilingue anglophone comme éventuel chef adjoint.

M. Topp, que plusieurs présentaient comme le favori en début de course, a été placé sur la défensive à quelques reprises lors du débat. Mais il a également décoché quelques salves à ses adversaires, notamment à Thomas Mulcair, pressenti comme l'autre favori dans la course.

Un échange en particulier a mis en relief les divergences entre les deux candidats. M. Topp, qui souhaite hausser les impôts de 18 milliards par année pour financer les programmes fédéraux, a reproché à son rival de vouloir utiliser des fonds environnementaux pour remplir les coffres de l'État.

«Pourquoi cette rupture avec la politique environnementale de notre parti?», a-t-il demandé.

M. Mulcair, qui souhaite notamment créer une Bourse du carbone, a rétorqué qu'il refuse de s'engager à hausser les impôts.

«Avant de décider, quatre ans à l'avance, qu'il faut augmenter les impôts, je vais regarder les autres options aussi», a-t-il dit.

«Il veut déplacer le parti, de manière très significative, vers le centre, a analysé M. Topp, au terme du débat. Et je pense que, s'il y a deux Parti libéral aux prochaines élections, les gens vont voter pour le vrai.»

M. Topp, qui est né au Québec, mais qui est établi à Toronto, n'a pas seulement attaqué. Plusieurs fois, il a dû se défendre au cours de l'engagement. Deux adversaires lui ont reproché de se présenter à la direction du parti alors qu'il ne détient pas de siège à la Chambre des communes.

«Nous sommes d'accord sur bien des choses, mais j'ai un siège au Parlement et toi non, a ironisé Paul Dewar. Quand vas-tu attaquer Stephen Harper en Chambre?»

Dewar pris à partie

Peggy Nash, une autre favorite qui s'est portée à l'attaque dimanche, a elle aussi critiqué M. Topp. Mais elle a décoché ses flèches les plus acérées à Paul Dewar, le candidat dont la maîtrise du français soulève le plus de questions.

Elle lui a reproché d'avoir désigné le député ontarien Charlie Angus comme chef adjoint s'il remporte la course. M. Angus ne parle pas français.

«Les Québécois ont massivement appuyé le NPD aux dernières élections, a-t-elle dénoncé. Réalises-tu le message que tu envoies aux Québécois?»

Contre la fusion

Le candidat Nathan Cullen, issu de la Colombie-Britannique, est le seul à proposer une fusion du NPD avec le Parti libéral. Il a maintes fois encouragé ses rivaux à se prononcer sur cette idée, mais il s'est buté à un refus unanime.

«Les gens qui nous ont supportés, qui nous ont élus, ne veulent plus rien savoir du parti du scandale des commandites, ne veulent plus rien savoir du Parti libéral qui a signé le protocole de Kyoto et a affiché le pire bilan au monde après parce que c'était un exercice de relations publiques», a dénoncé Thomas Mulcair.

La course comptait neuf candidats en lever de rideau, mais il n'y en a plus que sept: Brian Topp, Thomas Mulcair, Peggy Nash, Paul Dewar, Nathan Cullen, Niki Ashton et Martin Singh. Le député néo-écossais Robert Chislom s'en est retiré après le premier débat. Roméo Saganash a pour sa part abandonné vendredi.

Les membres du parti éliront leur nouveau chef le 24 mars, lors d'un congrès à Toronto. Le NPD compte environ 110 000 détenteurs de carte de membre, selon les derniers estimés, dont environ 10 000 au Québec.

Le débat de dimanche était le dernier avant la date-butoir du 18 février, au-delà de laquelle les nouveaux membres du NPD n'auront pas le droit de participer à l'élection d'un nouveau chef.