Une députée québécoise du Nouveau Parti démocratique affirme que le président de la Chambre des communes, Andrew Scheer, a exigé que son poupon de 3 mois soit expulsé de la Chambre avant un vote en lien avec le projet de loi sur l'abolition du registre des armes d'épaule, hier matin. Au bureau de la présidence de la Chambre des communes, on refuse de confirmer ou d'infirmer ces allégations.

La députée de Verchères-Les Patriotes, Sana Hassainia, a accouché d'un petit garçon il y a environ trois mois. Elle l'a prénommé Skander-Jack, à la mémoire de Jack Layton.

La femme de 37 ans a récemment repris son travail, mais puisqu'elle allaite, son bébé et son mari, qui est en congé, l'accompagnent au parlement. Elle raconte qu'au moment où elle a été avertie qu'un vote allait se tenir en Chambre, elle venait de finir d'allaiter son enfant et avait perdu son mari de vue. Elle l'a cherché dans le hall bondé, en vain, et n'a pu faire autrement que d'aller voter avec son enfant.

Une fois à l'intérieur, elle affirme qu'un greffier l'a avisée que le président voulait que le bébé quitte les lieux. Elle aurait alors accroché un page qui l'aurait confié à un membre du personnel politique dans l'antichambre.

«Mon bébé était calme, il ne pleurait pas et le vote allait seulement durer quelques minutes, a raconté Mme Hassainia. J'essaie de répondre aux électeurs de ma circonscription qui ont voté pour moi et c'était très important pour moi d'assister à ce vote, car le dossier de l'abolition du registre des armes à feu me préoccupe.»

«Déplorable»

«Je trouve que c'est déplorable, a-t-elle ajouté. Les conservateurs ont une attitude rétrograde. Quel genre de message est-ce que ça lance? Ce n'est pas du tout encourageant pour la conciliation travail-famille et le retour au travail des femmes. J'aurais apprécié un peu plus de compassion de la part des conservateurs.»

Il n'y a pas de règles contre la présence de bébés au parlement. En 1998, la députée du NPD Michelle Dockrill avait siégé avec son bébé dans les bras. Au parlement européen, les photos de la députée Licia Ronzulli qui vote avec son bébé ont récemment fait le tour du monde. Par ailleurs, les élus fédéraux ne bénéficient pas d'un congé de maternité ou de paternité.

Au bureau d'Andrew Scheer, la directrice des communications de la présidence de la Chambre des communes, Heather Bradley, a été avare de commentaires au sujet de cette affaire.

«Le président a pour fonction de préserver l'ordre et le décorum à la Chambre. Ce matin (hier), on se préparait à procéder au vote au moment où on a dit à un page de demander à un groupe de députés rassemblés à l'arrière de la Chambre de prendre leur siège. Permettez-moi également d'ajouter que M. Scheer est solidaire des jeunes parents, étant lui-même un jeune père de quatre enfants», s'est-elle limitée à dire.

Elle a également affirmé que des députés prenaient des photos de Mme Hassainia et de son bébé alors que les règles de la Chambre l'interdisent.

Le président a-t-il expressément demandé à un employé du parlement (page ou greffier) de dire à Mme Hassainia que son enfant devait partir? «Je ne peux pas répondre à votre question», a dit Mme Bradley.

Est-il possible que l'employé ait mal interprété la consigne du président? «Le page est à l'école le soir, donc je ne peux pas le joindre», a-t-elle ajouté.