Accusé par l'opposition de renier ses promesses électorales, Stephen Harper a promis lundi de ne pas toucher aux rentes de la Sécurité de la vieillesse des prestataires actuels. Au même moment, toutefois, ses ministres affirment qu'il faut absolument réformer le régime pour empêcher ses coûts d'exploser.

Lundi, jour de rentrée parlementaire à la Chambre des communes, le sort des aînés a dominé les débats. Le premier ministre a été placé sur la défensive en raison de ses déclarations de la semaine dernière au Forum économique de Davos, où il a promis les «changements nécessaires» pour assurer la pérennité des régimes de retraite fédéraux. «Je suis clair, a affirmé le premier ministre. Nous n'avons pas l'intention de réduire les prestations versées aux aînés.»

Doute

Mais M. Harper laisse planer le doute quant aux mesures qu'il prévoit adopter dans les prochaines semaines, et ses ministres affirment sans détour que la réforme du régime est une question «d'équité intergénérationnelle»: «Le gouvernement a la responsabilité d'assurer l'équité intergénérationnelle en assurant la pérennité de nos programmes sociaux», a déclaré lundi le ministre Steven Blaney.

Le gouvernement a déjà exclu la possibilité de modifier le Régime canadien des pensions, qui est viable. Tout indique que ce sont les prestations de la Sécurité de la vieillesse qui sont dans le collimateur. Selon certains médias, Ottawa hausserait de 65 à 67 ans l'âge de l'admissibilité à ce programme.

Ottawa a versé 36 milliards en prestations de la Sécurité de la vieillesse en 2010. On s'attend à ce que la facture explose à 108 milliards en 2030, à mesure que la population vieillit.

Le leader du gouvernement en Chambre, Peter Van Loan, souligne qu'on compte actuellement quatre travailleurs pour chaque retraité. Cette proportion fondra à deux travailleurs pour un retraité dans 20 ans.

«Pour que le système soit toujours viable dans 10 ou 20 ans, il faut des changements aujourd'hui», a affirmé M. Van Loan.

À l'instar du premier ministre, MM. Van Loan et Blaney n'ont pas précisé de quelle manière ils comptent réformer le système.

Les partis de l'opposition notent que le premier ministre n'a pas parlé d'éventuelles coupes dans les régimes de retraite aux dernières élections.

«Il n'en a pas parlé dans sa campagne électorale, donc nous disons qu'il va à l'encontre de sa promesse, a dénoncé la chef du Nouveau Parti démocratique, Nycole Turmel. Il aurait dû annoncer ses couleurs durant les élections.»

«M. Harper, personnellement, pendant une campagne électorale, avait fait une promesse solennelle au peuple canadien qu'il ne réduirait jamais les transferts aux individus, a renchéri le chef libéral, Bob Rae. Et ça, c'est une promesse que, clairement, après la déclaration de Davos, il est en train de rompre.»

Retraite des députés

Par ailleurs, les conservateurs ont demandé au Bureau de régie interne, un comité parlementaire qui réunit des élus de tous les partis, de réviser les généreuses rentes de retraite dont bénéficient les députés et les sénateurs. Les appels à la réforme de ce régime se multiplient depuis quelques semaines.

L'Institut CD Howe a notamment calculé que le déficit de ce régime pourrait déjà atteindre 1 milliard de dollars. La Fédération des contribuables canadiens estime pour sa part que les contribuables y versent 23$ pour chaque dollar que verse un député.

«Nous ne croyons pas qu'il serait juste de demander au gouvernement et aux Canadiens d'accepter des économies si nous ne sommes pas prêts à en faire nous-mêmes», a reconnu le ministre Peter Van Loan.