La Cour suprême du Canada a été critiquée jeudi pour avoir refusé d'entendre les récriminations de trois hommes qui accusent le gouvernement fédéral de complicité des actes de torture qu'ils auraient subis en Syrie et en Égypte.

Le tribunal a balayé du revers de la main l'argumentaire des plaignants, Abdullah Almalki, Ahmad El Maati et Muayyed Nureddin.

Ils plaidaient qu'Ottawa se cache derrière la Loi sur la preuve au Canada, qui permet au gouvernement de ne pas révéler à un accusé des éléments de preuve si ceux-ci peuvent mettre en péril la sécurité nationale.

Les trois hommes souhaitaient contester une décision rendue l'année dernière par la Cour d'appel fédérale donnant donné raison au gouvernement et lui permettant de conserver secrets des éléments de preuve.

Comme d'habitude, le haut tribunal n'a pas justifié sa décision.

Selon Alex Neve, d'Amnistie Internationale Canada, la cour aurait pu saisir cette occasion pour s'attaquer à une loi «troublante et litigieuse».

«C'est un autre revers pour trois hommes dont les efforts pour obtenir justice et une compensation pour les graves violations des droits humains qu'il ont subies ont été esquivés par le gouvernement canadien à chaque étape», a-t-il lancé.

Une enquête gouvernementale présidée par l'ancien juge de la Cour suprême Frank Iacobucci a conclu en 2008 que les autorités canadiennes méritaient au moins une partie du blâme pour le sort réservé aux plaignants.

Les trois individus nient être des terroristes. Ils ont tous été torturés en Syrie, mais M. El Maati l'a aussi été en Égypte.

Abdullah Almalki s'est dit déçu de cette décision, ajoutant toutefois qu'il s'engageait à poursuivre sa lutte contre le gouvernement.

«Je vais continuer à militer pour la divulgation de plus d'informations et pour que les responsables gouvernementaux répondent de leurs actes», a-t-il affirmé.

M. Neve a indiqué qu'il n'est pas trop tard pour le gouvernement pour changer d'idée et offrir aux trois hommes la compensation et les excuses qu'ils méritent.

M. Almalki a passé 22 mois dans une prison syrienne après s'être rendu à Damas pour rendre visite à sa grand-mère malade, en mai 2002. Il habite Ottawa, mais n'a pas été capable de retourner au travail depuis en raison des effets toujours présents de son emprisonnement et de la torture.