À la croisée des chemins, les membres du Parti libéral du Canada (PLC) pourraient devoir trancher sur une série de questions qui auraient pour effet de redéfinir de façon draconienne le rôle du chef de parti.

Les ténors du PLC proposent de sabrer dans les pouvoirs habituellement attribués au leader libéral, notamment sa capacité à déterminer unilatéralement le contenu des plateformes électorales, à protéger les députés en poste d'un éventuel défi de candidature et à nommer des candidats.

En vertu de tels changements, la base du parti aurait ainsi un droit de parole beaucoup plus grand sur tous ces dossiers.

Ces propositions figurent parmi celles qui doivent être soumises à un vote la semaine prochaine lors du très attendu congrès de janvier, considéré par plusieurs comme le coup d'envoi officiel du processus de reconstruction du Parti libéral, qui a été décimé aux élections fédérales du 2 mai dernier.

Les bonzes du parti espèrent ainsi insuffler à leur formation politique plus de transparence, de démocratie et de véhicule politique dévoué à l'action citoyenne.

Alors que la tendance porte davantage vers des politiques mises de l'avant par le chef du parti, ces suggestions pourraient bien être les plus cruciales et les plus risquées dans le remodelage du Parti libéral.

Les modifications marqueraient également un tournant considérable dans la façon de faire des libéraux fédéraux, davantage portés sur l'approche verticale et à donner carte blanche au chef afin que ce dernier jette les bases sur lesquelles repose le parti.

«Je pense que le parti prend de plus en plus conscience qu'au cours des dernières décennies, le culte du leadership a pris le pas sur les valeurs libérales de base», a avancé le président du parti, Alf Apps.

«Le parti a en quelque sorte sombré dans l'approche verticale et élitiste», a-t-il ajouté.

Si les propositions sont adoptées, le PLC devra se transformer, aux dires de M. Apps, d'un club sélect à un parti beaucoup plus ouvert et axé sur le mouvement politique.

Le Conseil national d'administration a publié sa «feuille de route vers le renouveau» en novembre, qui comprenait la mise sur pied de primaires à l'américaine pour la sélection de candidats dans chaque circonscription et pour les futurs chefs.

Quiconque souhaitant s'enregistrer comme «partisan libéral», et non simplement comme un membre détenteur de sa carte de parti, pourrait voter dans les courses au leadership et les diverses candidatures.

Le chef intérimaire du PLC, Bob Rae, s'est prononcé en «accord complet» avec les propositions.

«Considérer avec sérieux le parti signifie que la direction (incluant le leader) doit s'engager directement auprès de ses membres sur les politiques et sur d'autres sujets. Et je suis convaincu que si nous construisons une relation de confiance, le parti écoutera avec respect la direction. C'est la seule voie à adopter et la seule pour renforcer le mouvement libéral», a-t-il écrit dans un courriel.