Ottawa fait fausse route en augmentant les primes de l'assurance-emploi alors que le chômage est élevé, a prévenu vendredi le chef libéral intérimaire Bob Rae.

La modification, qui entrera en vigueur le 1er janvier, pénalisera les Canadiens peinant déjà à joindre les deux bouts et découragera les employeurs désirant embaucher, a dit M. Rae.

Lors d'une conférence de presse organisée dans son bureau de circonscription à Toronto, M. Rae a indiqué que ce n'était pas le moment d'augmenter les impôts sur les emplois ou les ponctions sur les salaires.

Les libéraux ont demandé un gel des primes, qui doivent augmenter de cinq cents par 100$ de revenu assurable, pour s'établir à 1,83$, tandis que le revenu assurable maximal passera de 44 200$ à 45 900$.

La Fédération canadienne des contribuables a déclaré que l'augmentation des primes pour l'assurance-emploi et le Régime de pensions du Canada permettra d'amasser 306$ supplémentaires par employés de la part des travailleurs et de leurs patrons en 2012.

Un porte-parole du ministre des Finances Jim Flaherty a mentionné que le gouvernement avait mis en place, dans le dernier budget, un crédit d'impôts à l'embauche pour les petites entreprises «conçu pour offrir un répit aux employeurs concernant les primes de l'assurance-emploi et les encourager à embaucher de nouveaux travailleurs».

Chisholm Pothier, le directeur des communications de M. Flaherty, a précisé que les libéraux avaient voté contre ce crédit.

Bob Rae a lancé vendredi qu'il était temps de s'appuyer sur les impôts sur les salaires pour financer le filet de sécurité social.

«Je crois que nous devons revenir à un état des faits où nous reconnaissons le fait que les gens ont besoin d'appui lorsqu'ils perdent leur emploi, cela n'a pas changé», a-t-il dit.

«Mais le fait de continuer de mettre la pression sur le système des salaires pour payer pour cet appui est une mauvaise décision.»

Le gouvernement conservateur dit avoir offert un répit fiscal important depuis 2006, et que le fardeau fiscal des Canadiens est désormais plus faible qu'au cours des 50 dernières années.

Le mois dernier, M. Flaherty a réduit de moitié la hausse des primes de l'assurance-emploi, la ramenant à cinq cents, plutôt que les 10 cents prévues.

La décision privera le trésor fédéral d'environ 600 millions $ en revenus.

Le système de l'assurance-emploi a été critiqué récemment, ses détracteurs affirmant que le programme avait échoué à s'adapter aux changements sociétaux et économiques.

Un groupe de travail codirigé par l'ancien premier ministre de la Saskatchewan Roy Romanow avait permis d'établir que le système était complexe, opaque et difficilement compréhensible par les contributeurs.

Au final, seuls 46% des chômeurs du pays ont reçu des prestations d'assurance-emploi l'an dernier, comparativement à 86% en 1981, a révélé le groupe dans un rapport publié le mois dernier.

Pendant ce temps, le taux de chômage s'est élevé à 7,4% en novembre, selon les plus récentes données disponibles.