La ministre fédérale de la Santé affirme qu'Ottawa a encore un droit de regard sur les politiques des provinces en matière de santé, même si le gouvernement fédéral a proposé un nouvel accord de financement sans condition.

Leona Aglukkaq soutient que les discussions fédérales-provinciales sur l'avenir des soins de santé porteront maintenant sur les normes nationales, la responsabilité et le partage des meilleures pratiques, plutôt que sur l'argent.

«En 2004, lorsque nous avons discuté de l'accord, j'étais là. Et les conversations portaient en majeure partie sur l'argent. L'accord ne comportait pas les ajouts permettant de déterminer les objectifs que nous voulions atteindre en tant que ministres», a dit Mme Aglukkaq, une ancienne ministre des Finances et de la Santé du Nunavut.

«Les ministres de la Santé à la grandeur du pays peuvent désormais être assurés que le financement maintenant connu dans ce domaine nous permettra de discuter des cibles que nous visons concernant la santé, la prévention, l'obésité.»

Mme Aglukkaq a annoncé jeudi, à Gatineau, qu'elle visiterait en janvier ses homologues provinciaux afin de jeter les bases de discussions sur la façon de maintenir les normes en santé après la fin de l'accord actuel, en 2014.

Elle souhaite surtout amorcer des discussions différentes de celles organisées il y a une décennie, lorsque les provinces ont affronté le premier ministre d'alors, Paul Martin, et obtenu un financement à long terme d'Ottawa en échange de promesses d'améliorations dans certains secteurs du système de soins de santé.

Cette fois, dit Mme Aglukkaq, avec le financement fédéral réglé et non négociable, on pourra parler davantage de coopération.

Des détracteurs et quelques provinces ont déjà accusé Ottawa d'abdiquer sa responsabilité de maintenir des normes nationales élevées pour les soins de santé, et les commentaires émis jeudi par Mme Aglukkaq n'ont pas réussi à les faire changer d'avis.

«Elle rêve en couleurs si elle croit que l'ambiance est meilleure», a déclaré la porte-parole néo-démocrate en matière de santé, Libby Davies. «Je crois qu'ils (les conservateurs) ont bâclé tout le dossier.»

Par le passé, Ottawa a été en mesure de lier son financement à un engagement à maintenir des normes élevées en matière de qualité de soins de santé au pays, a-t-elle ajouté. «Il y avait toujours cette tension, qui est saine.»

Désormais, le gouvernement fédéral n'a pas de pouvoir de négociation pour s'assurer de la qualité des soins offerts ou le respect de la Loi canadienne sur la santé, après l'échéance de l'accord actuel en 2014, estime Mme Davies. En plus, les conservateurs fédéraux ne tentent pas de s'assurer que les engagements provinciaux en vertu du dernier accord sur la santé soient respectés, ajoute-t-elle.

«C'est à croire que le gouvernement fédéral s'en lave les mains», a lancé Mme Davies lors d'une entrevue.

Questionnée à répétition jeudi sur le pouvoir de négociation d'Ottawa alors que l'aspect financier est déjà réglé jusqu'en 2024, Mme Aglukkaq a souligné que le gouvernement fédéral finançait également plusieurs initiatives en santé qui ont fait leurs preuves. Elle n'a toutefois pas voulu répondre directement aux questions concernant la possibilité qu'un tel financement soit lié à ce que les provinces peuvent accomplir avec l'argent.

La ministre Aglukkaq avait réuni les journalistes jeudi pour annoncer que les changements entourant les normes de sécurité des sièges d'auto pour enfants entreraient finalement en vigueur le 1er janvier.

Les parents peuvent conserver leur vieux siège, mais tous les nouveaux sièges devront subir des tests plus poussés, disposer d'une limite de poids maximal accru, et permettre à certains harnais d'être utilisés dans des autobus scolaires pour des enfants possédant des besoins particuliers.