Le nouveau chef du Bloc québécois, Daniel Paillé, souhaite remettre la souveraineté au premier plan du discours de son parti. Mais ses adversaires politiques estiment qu'il n'apportera rien de neuf à Ottawa.

M. Paillé, élu à la tête de la formation souverainiste dimanche, n'a pas encore de siège à la Chambre des communes. Mais les partis qu'il y affrontera n'ont pas ménagé leurs critiques envers le nouveau venu.

«Pour moi, l'arrivée de M. Paillé va être dans la continuité de fomenter des chicanes et des troubles à Ottawa pour faire mal paraître le Canada par rapport au Québec», a affirmé le ministre des Transports, Denis Lebel.

Celui-ci estime que les Québécois ont tourné la page, qu'ils sont davantage préoccupés par l'économie mondiale et l'emploi. En somme, dit-il, le discours du Bloc est «dépassé».

M. Paillé, ministre de l'Industrie sous le gouvernement de Jacques Parizeau, s'est engagé à faire une promotion plus active de la souveraineté. Il souhaite en outre rallier les électeurs fédéralistes, qu'il estime déçus du gouvernement conservateur.

«M. Paillé a décidé de protéger son aile pure et dure», estime le député libéral Denis Coderre.

Le Bloc reste une force politique légitime, ajoute-t-il. Mais selon lui, les électeurs se sont prononcés clairement sur la pertinence d'un parti souverainiste à Ottawa.

Les souverainistes, eux, se disent heureux de voir le nouveau chef arriver en poste. La chef du Parti québécois, Pauline Marois, estime que le Nouveau Parti démocratique (NPD) s'est montré trop tiède dans sa défense des Québécois, notamment dans le dossier de la langue.

«Je suis très heureuse que quelqu'un ait pris la direction du parti parce qu'on n'a plus grand monde qui nous défend à Ottawa», a-t-elle affirmé.

Le député bloquiste André Bellavance estime pour sa part que le parti devra entamer une importante réflexion maintenant qu'il s'est choisi un chef. Mais pour lui, pas question de faire table rase des valeurs du Bloc.

«On place le Québec d'abord, a-t-il dit. Pour nous, c'est la continuité en ce sens-là, mais c'est évident qu'on a fait une introspection au cours de l'été dernier.»

Le député néo-démocrate Hoang Mai rétorque que la promotion de la souveraineté n'est pas la priorité des citoyens qu'il rencontre dans sa circonscription.

«On va se concentrer sur notre travail, a-t-il indiqué, et se concentrer sur la menace que pose le gouvernement conservateur pour le Québec.»

Avec la collaboration d'Émilie Bilodeau