On aurait pu s'attendre à ce que le premier débat de la course à la chefferie du NPD donne lieu à un choc entre les deux favoris, Brian Topp et Thomas Mulcair. C'est plutôt le candidat Paul Dewar qui s'est retrouvé au coeur de l'échange le plus musclé, dimanche, dans une confrontation somme toute fort courtoise.

Le premier affrontement des neuf candidats à la succession de Jack Layton a duré deux heures, et le ton n'a monté qu'une fois. Brian Topp, que plusieurs présentent comme le favori dans la course, était impliqué dans l'échange, mais son vis-à-vis était M. Dewar, et non M. Mulcair.

M. Topp, qui a présenté la semaine dernière un plan pour hausser de 18 milliards les impôts des citoyens les plus riches et des entreprises, a demandé avec insistance de quelle manière son rival comptait financer son plan d'infrastructure.

«Je ne vois aucun plan de votre part», lui a finalement lancé M. Dewar, excédé au terme de l'escalade.

«Quand on parle de plans détaillés, il faut aussi être capable de préciser de quelle manière on va les financer», a expliqué M. Topp au terme du débat.

C'étaient là les seules étincelles d'un débat où les compliments et les points communs ont été beaucoup plus nombreux que les différends. Même M. Topp admet que le débat n'était pas le forum idéal pour que les candidats se distinguent.

«On est juste en train de commencer, a-t-il tempéré. C'est le premier débat et c'est un format où chaque candidat a la chance de parler, je crois, quatre minutes.»

En français

Le débat, qui portait sur l'économie, a néanmoins permis à certains candidats de se distinguer.

Il était prévu que la première moitié du débat se déroulerait entièrement en anglais. Thomas Mulcair, l'ancien lieutenant de Jack Layton au Québec, a toutefois fait bande à part en parlant français dans son introduction.

«Chacun a ses choix et ses priorités, a-t-il indiqué au terme du débat. Pour moi, c'était inconcevable, avec 59 députés en provenance du Québec, de ne pas saluer aussi les gens en français.»

M. Mulcair, qui a reçu l'appui d'une trentaine de députés québécois, a appelé le parti à élargir ses appuis, notamment auprès des communautés culturelles.

«Si nous voulons former le gouvernement, nous devons étendre nos appuis au-delà de notre base traditionnelle», a-t-il affirmé.

Deux candidats, Peggy Nash et Nathan Cullen, souhaitent qu'un éventuel gouvernement néo-démocrate travaille à faire renaître l'industrie manufacturière du Canada. M. Cullen souligne que le pays devrait transformer les ressources naturelles qui constituent actuellement le gros de ses exportations.

La manitobaine Nikki Ashton a pour sa part promis de s'attaquer à la pauvreté et aux inégalités à travers un plan économique en 10 points.  

Roméo Saganash, le seul autre Québécois dans la course, a pour sa part promis de rétablir la réputation du Canada sur lascène internationale, qu'il dit ternie par « l'arrogance » du gouvernement Harper.

Les électeurs ont également fait connaissance avec Martin Singh, un pharmacien et homme d'affaires qui était à toutes fins pratiques inconnu avant la course à la chefferie.

Dans la deuxième moitié du débat, c'est le néo-écossais Robert Chisolm qui s'est démarqué en étant le seul candidat à ne pas parler français. Il a lu quelques déclarations, mais il autilisé  l'anglais dans ses échanges avec ses collègues.

Dans ses remarques finales, il s'est engagé à devenir bilingue.

«Je travaille fort pour le devenir, mais c'est 'tough', a-t-il reconnu. Mais je ne vais pas lâcher, un vrai leader ne lâche jamais.»

Les candidats à la chefferie croiseront le fer dans cinq autres débats d'ici la fin de la course. Le vainqueur sera élu par les membres du parti le 24 mars.

Pelure de banane

Le débat a donné lieu à des moments cocasses. Thomas Mulcair a notamment pris a parole en anglais en réponse à une question qui lui était adressée en français.

Un membre du NPD a par ailleurs lancé une pelure de banane aux candidats lorsqu'il leur a demandé quel rival constituaient selon eux le meilleur «deuxième choix» pour guider l'économie. Plusieurs candidats ont esquivé la question. Nikki Ashton s'est retrouvée avec deux appuis, ceux de Brian Topp et de Peggy Nash.