Alors qu'une réserve du nord de l'Ontario vit dans l'incertitude pendant que des «étrangers» épluchent ses états financiers, le premier ministre affirme que l'objectif à long terme est que les communautés autochtones du pays puissent se gouverner elles-mêmes.

Le gouvernement fédéral a pris le contrôle des finances publiques de la communauté crie d'Attawapiskat, plus tôt cette semaine, en raison de craintes concernant la santé et la sécurité de ses 2000 résidants, et d'inquiétudes concernant la saine gestion des autorités locales.

La réserve crie, située près de la baie James, côté ontarien, est aux prises avec une grave crise du logement qui a forcé des familles à vivre dans la misère. Les citoyens sont maintenant indignés de voir qu'Ottawa s'est concentré sur l'argent et non l'aide humanitaire.

Stephen Harper a indiqué vendredi que les communautés autochtones du Canada ne pourront jouir du jour au lendemain de l'autonomie gouvernementale, mais qu'il entend continuer à oeuvrer pour atteindre cet objectif. «Je vais continuer à travailler avec le chef Shan Atleo et d'autres communautés pour tenter d'aller de l'avant dans cette direction.»

Le premier ministre doit rencontrer les représentants de l'Assemblée des premières nations le 24 janvier à Ottawa. Cela fait plus d'un an des démarches ont lieu en ce sens.

«Après des années d'inaction, il a fallu une crise tragique comme celle à Attawapiskat pour que le gouvernement accepte finalement l'invitation, a déclaré le député néodémocrate Jean Crowder. Il faut plus que des paroles.»

Le chef de l'APN, Shawn Atleo, a indiqué jeudi que la rencontre constituera une occasion de relancer les relations entre les communautés autochtones et la Couronne.

Le gouvernement a insisté sur le fait que sa priorité était de s'assurer que les 2000 résidants d'Attawapiskat disposent d'abris chauds et secs pour l'hiver. Ottawa veut également savoir de quelle façon une somme de 90 millions $ versée à la communauté au cours des cinq dernières années a été dépensée.

Le conseil de bande a vivement réagi aux allégations de mauvaise gestion financière, soulignant qu'ils avaient publié leurs états financiers en ligne. Les membres ont ajouté que le financement qu'il recevait se situait sous le seuil de pauvreté ontarien.

Ils ont qualifié la nomination d'une tierce partie pour gérer leurs fonds de «détournement politique» destiné à les faire taire après leur sortie publique.

La colère suscitée par la situation à Attawapiskat a dominé la Chambre des communes au cours de l'ensemble de la semaine, alors que l'opposition réclamait une stratégie à long terme pour faire face aux problèmes vécus non seulement par Attawapiskat, mais par l'ensemble des collectivités autochtones.