Il n'a peut-être pas le talent de Winston Churchill pour les discours, le génie musical de Ludwig van Beethoven ni les milliards de Bill Gates, mais le candidat à la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD), Paul Dewar, a un point en commun avec ces grands personnages: la dyslexie.

«Beaucoup de personnes l'ignorent parce que je n'ai jamais cru que c'est quelque chose que je devais crier sur tous les toits. C'est une partie de moi, je ne suis pas que dyslexique», a souligné le député de Ottawa-Centre depuis 2006, lors d'une entrevue avec La Presse Canadienne.

M. Dewar ne se faisait toutefois pas prier pour en parler à l'époque où il était enseignant dans une école primaire, surtout avec des enfants ayant eux aussi des difficultés d'apprentissage.

La présidente de l'Association canadienne de la dyslexie, Louise Ward, applaudit cette sortie publique, soutenant qu'il est urgent de changer la perception générale sur la dyslexie.

Mme Ward juge que la dyslexie est encore, de nos jours, marginalisée au Canada, où peu de politiciens ont osé parler de leurs difficultés à lire, écrire ou s'exprimer. La situation est toute autre de l'autre côté de la frontière, alors que la dyslexie est pratiquement une norme chez les présidents américains: George Washington, Woodrow Wilson, Dwight Eisenhower, John F. Kennedy, George Bush et George W. Bush.

«Les dyslexiques font d'excellents leaders. Ils peuvent être de piètres secrétaires, mais pour diriger, ils sont fantastiques», a affirmé Mme Ward.

M. Dewar soutient que son état a fait de lui un meilleur professeur, ayant reçu le prix de  A. Lorne Cassidy de l'Université Queen pour son travail auprès des enfants avec des besoins spécifiques, ainsi qu'un meilleur politicien.

«Je m'identifie rapidement à ceux qui ont besoin d'aide pour s'attaquer à quelque chose, que ce soit des défis d'apprentissage, ou des défis de la vie de façon générale», a expliqué M. Dewar.

«Tout est dans l'empathie et la compréhension.»

Le néo-démocrate estime également que sa dyslexie l'a rendu plus fort, résilient et déterminé à vaincre les autres obstacles qui se sont présentés au cours de sa vie.

«Je n'ai jamais perçu la dyslexie comme un frein dans ma vie. D'une certaine façon, ça m'a permis d'aller plus loin. Ça m'a permis de vraiment m'investir», a mentionné le député.

M. Dewar est par ailleurs conscient que son prochain défi à relever sera l'apprentissage de la langue française, qu'il manie avec difficulté.

Apprendre une seconde langue constitue bien souvent un défi particulièrement à relever pour les dyslexiques, mais l'aspirant leader du NPD est conscient que ses pairs s'attendent à ce qu'il soit bilingue, compte tenu du poids du Québec dans la récente vague orange historique ayant accordé au parti le statut d'opposition officielle.