Au moment où il s'apprête à investir des milliards pour renouveler sa flotte d'avions de chasse, le gouvernement fédéral risque de devenir dépendant du secteur privé pour l'entretien de son équipement militaire, prévient le vérificateur général, dans un rapport publié mardi.

Le vérificateur par intérim, John Wiersema, s'est intéressé à la stratégie d'approvisionnement militaire mise en place par Ottawa au cours de la dernière décennie. Il conclut que la Défense nationale n'a pas pris les mesures adéquates pour conserver son expertise et, du coup, assurer le bon déroulement des transactions avec ses fournisseurs.

«À notre avis, la Défense nationale n'a pas prouvé qu'elle surveillait et atténuait suffisamment les principaux risques, comme celui de perdre une expertise importante en entretien et en réparation d'équipement au sein de son effectif», lit-on dans le rapport.

Depuis une dizaine d'années, le gouvernement confie de plus en plus l'entretien de ses véhicules et avions militaires à des sous-traitants. Le gouvernement Harper a appliqué la même stratégie pour le remplacement des vieux chasseurs CF-18. Lockheed Martin, qui fournira les nouveaux appareils F-35, en assurera aussi l'entretien pour 20 ans.

Le gouvernement fédéral a dépensé 2 milliards l'an dernier pour entretenir son équipement militaire. Et il s'apprête à investir 200 milliards en 20 ans pour l'acquisition et l'entretien d'avions, de véhicules et de navires, souligne le vérificateur.

«Le rapport Duchesneau, dans une administration différente, nous a montré à quel point la perte d'expertise interne pouvait être extrêmement préoccupante en ce qui concerne les conflits d'intérêts et les possibilités de collusion», a réagi le député néo-démocrate de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice.

Le gouvernement dit accueillir favorablement les recommandations du vérificateur. Le ministre associé à la Défense, Julian Fantino, a assuré qu'un plan détaillé est en place pour faire face à la situation.

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Bonne note pour le plan de relance économique



Le vérificateur général s'est aussi intéressé au Plan d'action économique de 47 milliards, lancé en 2009 pour faire face à la récession. En tout et pour tout, le gouvernement Harper reçoit de bonnes notes pour la manière dont il a fait le suivi des sommes investies. Cependant, les retombées concrètes d'un des programmes que le vérificateur a étudiés restent floues, car le gouvernement ne dispose d'aucun moyen pour calculer le nombre d'emplois que son investissement a créés.

Le vérificateur a aussi critiqué la manière dont le gouvernement contrôle les demandeurs de visa d'entrée au pays. Les tests médicaux auxquels ces arrivants sont soumis ciblent les deux mêmes maladies qu'il y a 50 ans, la syphilis et la tuberculose. Et ce, même si l'on compte 56 maladies à déclaration obligatoire au Canada.