Le président du Conseil du Trésor, Tony Clement, a fait un petit mea-culpa mercredi en affirmant qu'il n'aurait pas dû laisser le soin aux maires des villes de sa circonscription de choisir les projets qui devaient être financés à même le fonds d'infrastructure de 50 millions mis sur pied dans le cadre du sommet du G8 à Huntsville, en Ontario, en juin 2010.

Sur la sellette depuis des mois en raison de ce dossier, le ministre a indiqué qu'il avait invité les maires des 25 municipalités de sa circonscription à réduire la liste des 242 projets qu'ils avaient en tête par souci d'efficacité. Après quelques rencontres, les élus locaux sont parvenus à s'entendre sur 33 projets, dont 32 ont été approuvés par le ministère des Transports, responsable du programme d'infrastructure.

M. Clement, qui était ministre de l'Industrie à l'époque, a dit qu'il jugeait essentiel que les maires établissent eux-mêmes leurs priorités au lieu de se voir imposer des projets par Ottawa. Mais rétrospectivement, il aurait été préférable de soumettre tous les projets aux fonctionnaires pour qu'ils les évaluent. La vérificatrice générale Sheila Fraser avait d'ailleurs critiqué cette façon de faire dans son rapport, en juin.

«La plupart des projets visaient à soutenir le tourisme et cela était important pour les maires étant donné l'attention internationale résultant de la tenue du G8. [...] Avec le recul, il aurait été préférable que les fonctionnaires responsables examinent les 242 propositions au lieu d'encourager les maires à s'entendre entre eux», a dit M. Clement.

Après avoir observé le mutisme dans ce dossier depuis le début de la session parlementaire, M. Clement a témoigné hier devant le comité des comptes publics afin d'expliquer son rôle dans cette affaire. Il s'est défendu d'avoir utilisé les 50 millions de dollars qu'ont coûté les projets dans sa circonscription pour assurer sa réélection.

Comparaissant également mercredi, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, qui répond aux questions de l'opposition à la place de M. Clement depuis plusieurs semaines, a aussi fait un mea-culpa. Il a soutenu que le ministère des Transports, qu'il dirigeait à l'époque, aurait dû être plus précis quand il a demandé au Parlement d'approuver les 50 millions pour ces projets.

Afin d'accélérer les choses, cette somme avait été incluse dans la rubrique des dépenses devant servir à améliorer la circulation aux postes douaniers à la frontière canado-américaine, une décision aussi critiquée par la vérificatrice générale, qui a estimé dans son rapport que le Parlement avait été induit en erreur.

Mais selon M. Baird, les 50 millions n'ont pas été détournés puisqu'ils ont été ajoutés aux sommes déjà prévues pour améliorer les postes frontaliers. Cette décision a été prise, à la suite d'une recommandation des fonctionnaires, pour accélérer l'approbation des fonds pour les projets, qui devaient être terminés dans un délai de 15 mois, a-t-il dit.

«C'était un véhicule qui a été utilisé pour accélérer les choses. Cela s'est déjà fait dans le passé. J'ai approuvé les projets. Je suis imputable», a dit M. Baird.

Mais ces explications n'ont pas satisfait le Nouveau Parti démocratique. Le député Alexandre Boulerice persiste à croire que le ministre Clement a utilisé de l'argent du fonds d'infrastructure du G8 pour créer «une caisse occulte personnelle de 50 millions de dollars» afin de financer des projets proposés par les maires sans avoir à rendre de comptes au Parlement.

Certains projets, comme des abris de pique-nique (125 000$), des jardinières en ciment (65 000$) et une fontaine (178 000$), provenaient de municipalités situées à plus de 60 km du lieu du sommet.