Le gouvernement du Canada a prévenu l'UNESCO, mardi, qu'il ne l'aidera pas à combler le manque à gagner budgétaire occasionné par le retrait des contributions des États-Unis.

Ottawa a décidé de témoigner ainsi de son mécontentement après que l'organe onusien eut accepté, la veille, d'accueillir l'Autorité palestinienne en tant que membre officiel en son sein.

L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) est financée par des contributions obligatoires, déterminées par une entente avec chacun de ses pays membres, et par des cotisations volontaires.

La décision du Canada aura un impact sur les contributions volontaires futures. Actuellement, Ottawa verse un montant d'environ 10 millions $ par année.

Tous les pays membres de l'organisation doivent obligatoirement verser des contributions annuelles à l'organisation. En vertu de l'entente qui lie l'UNESCO et le Canada, des cotisations annuelles obligatoires de l'ordre de 14 millions $ doivent être versées par Ottawa jusqu'en 2014, révèle un plan de dépenses produit par le ministère canadien des Affaires étrangères. Ces paiements seront maintenus.

«Nous sommes simplement très inquiets face à la décision qui a été prise par l'UNESCO», a déclaré mardi le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird.

«Cette question devrait faire l'objet de discussions entre deux parties. Ce n'est pas dans le meilleur intérêt de la paix au Proche-Orient et nous sommes, vous savez, très déçus. Nous voulions témoigner de cette déception.»

La Palestine a été admise à titre de membre à part entière au sein de l'UNESCO. Le vote qui s'est tenu lundi s'est soldé par un score de 107 voix en faveur, 14 voix contre et 52 abstentions.

Le Canada et les États-Unis, deux importants alliés d'Israël, figuraient parmi les 14 pays membres qui se sont opposés à la proposition.

Lundi, les États-Unis avaient annoncé la suspension de leur cotisation annuelle de 60 millions $ US à l'UNESCO. Ce montant représente 22 pour cent du budget de l'organisation.

L'entrée de la Palestine à l'UNESCO est une solution de rechange, le gouvernement palestinien souhaitant d'abord et avant tout obtenir la reconnaissance d'un État palestinien indépendant aux Nations unies. Mahmoud Abbas a déposé une demande en ce sens, en septembre.

Israël est farouchement opposé à la proposition, qui n'a de toute façon aucune chance d'être adoptée puisque l'administration Obama a déjà annoncé son intention d'opposer son veto au Conseil de sécurité.

Selon l'État hébreu, le vote de l'UNESCO contribuera essentiellement à paralyser davantage les pourparlers de paix avec l'Autorité palestinienne.

«Les actions palestiniennes à l'UNESCO, tout comme celles qui ont été entreprises avec d'autres organes onusiens, constituent un rejet des efforts déployés par la communauté internationale de faire progresser le processus de paix», a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères dans un communiqué.

M. Baird a précisé que l'UNESCO recevra les contributions volontaires qui sont déjà prévues.

«En fin de compte, il y aura un énorme trou dans le budget de l'UNESCO puisque les États-Unis ont suspendu leur cotisation, et les gens de l'UNESCO ne devraient pas se tourner vers le Canada pour combler ce manque à gagner», a fait valoir le ministre Baird.

«Ils devront aller voir les pays qui ont accepté cette résolution et qui ont causé ce problème budgétaire», a-t-il tranché.