La fin du registre des fusils de chasse approche à grands pas: le gouvernement Harper a signifié au Parlement son intention de déposer un projet de loi pour l'abolir.

Ce projet pourrait être déposé dès jeudi, puisque le gouvernement a mis au feuilleton un avis en ce sens mardi soir.

L'initiative ne surprendra personne: Stephen Harper avait promis lors de la dernière campagne électorale qu'il allait abolir le registre des armes d'épaule dès qu'il aurait un gouvernement majoritaire. C'est maintenant chose faite et il n'a manifestement pas l'intention de laisser traîner ce dossier. Majoritaires aux Communes et au Sénat, les conservateurs sont désormais en mesure de faire adopter le projet, malgré les cris de l'opposition.

L'avis déposé aux Communes est bien sûr laconique, mais révélateur. L'initiative législative doit s'intituler «Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur les armes à feu et une autre loi en conséquence».

Le gouvernement va ainsi de l'avant avec sa promesse, malgré la levée de boucliers que la dernière tentative du Parti conservateur de Stephen Harper pour s'en débarrasser avait causée au Québec. L'Assemblée nationale avait unanimement appuyé le registre, adoptant même quatre motions en quatre ans en faveur de son maintien.

La dernière tentative conservatrice pour le démanteler remonte à un projet de loi proposé par une députée du Manitoba, Candice Hoeppner.

Son projet de loi avait été défait en septembre 2010. Le registre avait été sauvé de justesse après des mois de rebondissements et de protestations, par un vote de 153 contre 151, où seulement un député avait fait la différence.

Les troupes conservatrices soutiennent que le registre des armes à feu est inefficace et coûteux, qu'il représente un gaspillage de l'argent des contribuables et un fardeau indu sur les chasseurs et autres amateurs de plein air.

Le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu - qui militait dans le passé pour les victimes d'actes criminels - se dit toujours en faveur de l'abolition de cette partie du registre.

«Parce que j'ai l'évidence que le registre des armes à feu n'a aucun impact sur la prévention de la criminalité», a-t-il expliqué mercredi, après le dépôt de l'avis. Ni sur le crime, a-t-il précisé.

«Il y a deux pour cent des crimes au Canada l'an dernier qui ont été commis avec des armes de chasse. Les derniers policiers qui ont été assassinés l'ont été avec des armes enregistrées», a-t-il affirmé pour justifier sa position.

«Ce qui a eu un effet notamment sur la baisse des suicides, c'est le remisage sécuritaire des armes». Une question d'éducation selon lui, pas du contrôle des armes à feu.

Le Parti libéral et le Bloc québécois se sont opposés à l'abolition du registre des armes de chasse en 2010, ainsi que la majorité des députés du Nouveau Parti démocratique présents lors du dernier vote. Ils estiment que le registre est un outil fort utile pour la police, qui avait d'ailleurs aussi plaidé pour son maintien.

Le registre avait été créé par le gouvernement libéral, dans la foulée de la tuerie de l'École Polytechnique, survenue en 1989, lors de laquelle 14 étudiantes avaient été assassinées.