Accusé par les partis de l'opposition d'avoir gaspillé des fonds publics durant le sommet du G8 qui a eu lieu à Huntsville, en 2010, pour maximiser ses chances de réélection, le président du Conseil du Trésor, Tony Clement, se rend aujourd'hui à Washington pour prêcher les vertus de la discipline budgétaire.

Le ministre Clement, qui s'est également fait rabrouer par le bureau du Vérificateur général, la semaine dernière, pour n'avoir pas fourni tous les documents pertinents durant l'enquête portant sur les dépenses du gouvernement pour le sommet du G8, s'adressera aux membres de la Chambre de commerce des États-Unis.

L'essentiel de son discours portera sur les efforts du Canada pour rétablir l'équilibre budgétaire d'ici à 2014-2015 et sur la nécessité de réduire le déficit.

M. Clement préside un comité du cabinet chargé de proposer des compressions annuelles de 4 milliards de dollars dans les dépenses d'Ottawa.

Mais selon le député néo-démocrate de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, Tony Clement devrait être «la dernière personne» à aller prononcer un tel discours à Washington.

D'autant plus que M. Clement refuse de répondre aux nombreuses questions du NPD aux Communes sur les dépenses controversées qu'il a autorisées dans sa circonscription en prévision du sommet du G8. M. Clement laisse le soin au ministre des Affaires étrangères, John Baird, de répondre à sa place et il se contente de hocher la tête en guise d'appui aux propos de M. Baird quand ce dernier répond aux questions.

«Tony Clement est l'homme qui a géré une caisse occulte de 50 millions de dollars dans sa circonscription. Il a détourné 50 millions de dollars sans aucune transparence et sans aucune imputabilité et il s'en va donner des leçons aux Américains sur la façon de gérer les fonds publics. Cela n'a aucun sens!», a affirmé Alexandre Boulerice à La Presse.

Il s'est dit d'autant plus outré de ce voyage du ministre que M. Clement refuse systématiquement de répondre aux questions de l'opposition, mais qu'il compte répondre à des questions de son auditoire à Washington.

«Il ne répond pas aux questions au Canada, mais il est prêt à le faire aux États-Unis», a ajouté le député néo-démocrate, qualifiant de «poudre aux yeux» la promesse faite par les conservateurs de montrer plus de transparence et d'imputabilité lorsqu'ils sont arrivés au pouvoir, en 2006.

Le député libéral John McCallum s'interroge aussi sur la crédibilité du ministre Clement en matière de gestion des fonds publics. En entrevue, il a souligné que ce sont les libéraux qui ont éliminé le déficit dans les années 90 et qui ont donné au pays des fondations solides pour affronter la crise économique de 2008, en remboursant une partie de la dette et en résistant aux pressions des banques qui voulaient fusionner.

Les conservateurs, eux, étaient favorables à l'époque à la fusion des grandes banques. De plus, le ministre des Finances, Jim Flaherty, est celui qui a présenté un budget avec un déficit record de 56 milliards de dollars en 2009.

Le déficit du gouvernement fédéral s'élève aujourd'hui à 34 milliards de dollars. «Il est pour le moins étrange que Tony Clement se rende à Washington prononcer un tel discours», a dit M. McCallum. Il a ajouté que Paul Martin, à titre d'ancien ministre des Finances et ancien premier ministre, a plus de crédibilité que Tony Clement en matière de lutte contre le déficit.

En août, le NPD a divulgué des documents démontrant, selon lui, que le ministre Clement avait utilisé de l'argent du Fonds d'infrastructure du G8 pour créer «une caisse occulte personnelle de 50 millions de dollars», afin de financer des projets proposés par les maires des municipalités de sa circonscription sans avoir à rendre de comptes au Parlement.

En tout, 32 projets ont été financés. Certains projets, comme des abris de pique-nique (125 000$), des jardinières en ciment (65 000$) et une fontaine (178 000$), ont été soumis par des municipalités situées à plus de 60 km du lieu du sommet.