Les publicités payées par des syndicats lors du congrès du Nouveau Parti démocratique (NPD) en juin dernier seront examinées par un comité parlementaire, histoire de vérifier si le parti a enfreint la loi électorale.

Les conservateurs prétendent que le NPD a violé la loi en acceptant des «commandites» illégales de plusieurs centrales syndicales pour une somme d'au moins 85 000$ pour financer son congrès, alors que seuls les individus ont le droit de contribuer au financement des partis politiques.

L'objectif avoué du Parti conservateur est d'enquêter sur «l'influence douteuse des syndicats sur le NPD».

Le comité parlementaire de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique a décidé mardi - à l'initiative des conservateurs - de mettre ce sujet sur la liste de ses travaux pour l'automne.

Mais aucun témoin du NPD ne pourra venir s'expliquer: les conservateurs, imposant leur majorité, ont décliné la demande des néo-démocrates de faire témoigner les dirigeants du parti et les organisateurs du congrès.

Les conservateurs ont déjà porté plainte à Élections Canada en août à ce sujet.

Ils affirment que les néo-démocrates ont «placé bien en évidence» à leur congrès de juin des affiches où figurent des logos, qui «montrent que des commandites ont été offertes par des syndicats et certaines entreprises».

«On suit les règles», a déclaré le député néo-démocrate Charlie Angus, qui siège au comité parlementaire de l'éthique, au terme de sa réunion. Il affirme que des membres du parti ont même consulté Élections Canada à ce sujet avant le congrès.

Le NPD se défend aussi en soulignant que les syndicats en question ont acheté des publicités tout à fait légales, en payant leur réelle valeur commerciale.

Selon Charlie Angus, les conservateurs essaient de créer un faux scandale pour distraire la population de tous ceux dans lesquels ils sont impliqués.

«Ce qu'on voit, c'est une tentative désespérée des conservateurs de trouver une histoire parce qu'ils sont engloutis sous les scandales. Ils ne veulent pas entendre de témoins (du NPD), parce que cela pourrait détruire leur version de l'histoire», a-t-il déploré.

Après le comité, le député conservateur Dean Del Mastro - celui-là même qui a présenté la motion pour déclencher l'enquête sur le congrès du NPD - a fait savoir d'un ton plus conciliant que d'autres témoins pourraient éventuellement être entendus. Mais pas tout de suite.

«On est ouverts à entendre plus de témoins si nécessaire. On espère que la commissaire à l'éthique, à qui j'ai écrit plus tôt cet été, pourra nous éclairer sur cette affaire. Si plus de témoins sont requis, on les fera certainement venir», a commenté M. Del Mastro, sans préciser si des dirigeants du NPD pourraient éventuellement être appelés à témoigner.

M. Angus n'a pas manqué de relever que les conservateurs sont eux-mêmes engagés dans une bataille avec Élections Canada. Plus tôt cette année, quatre responsables conservateurs ont été accusés de violations de la loi électorale canadienne relativement à des dépenses électorales dépassant la limite permise.

En vertu du stratagème dit du «in and out», le Parti conservateur avait transféré des fonds à des dizaines d'associations locales et leur avait ensuite demandé de renvoyer l'argent pour payer des publicités radiophoniques et télévisées nationales lors de la campagne électorale de 2006.

En ce qui concerne le congrès du NPD, la commissaire à l'éthique Mary Dawson devrait témoigner jeudi et le directeur général des élections du Canada, Marc Mayrand, sera présent mardi prochain.