Le NPD estime que l'heure est venue pour la Gendarmerie royale du Canada de se pencher sur le rôle du ministre Tony Clement dans l'organisation du sommet du G8 qui a eu lieu à Huntsville, une ville de sa circonscription, en juin 2010.

Le NPD a remis à la GRC une centaine de pages de courriels entre M. Clement, aujourd'hui président du Conseil du Trésor, et le maire de Huntsville, Claude Doughty, qui démontrent que ce dernier s'opposait à un examen des dépenses que voulait mener Infrastructure Canada relativement à la tenue du sommet du G8 et que le ministre s'engageait à s'y opposer également.

Dans un courriel envoyé à Tony Clement le 22 juin 2010, quelques jours avant la tenue du sommet, le maire de Huntsville écrit: «C'est totalement inacceptable. Je suis convaincu que tu es d'accord.» Le ministre lui a répondu le même jour: «Je suis d'accord. Je travaille là-dessus.»

Dans un autre courriel, M. Clement a aussi promis au maire Doughty de faire abstraction des objections de la Police provinciale de l'Ontario, qui s'opposait à l'installation d'un centre des médias à Huntsville pour des raisons de sécurité.

Le NPD a obtenu ces courriels de la municipalité de Huntsville grâce à la Loi sur l'accès à l'information de l'Ontario. En août, le NPD a divulgué d'autres documents qui, selon lui, démontraient que le ministre Clement avait utilisé de l'argent du Fonds d'infrastructure du G8 pour créer «une caisse occulte personnelle de 50 millions de dollars» afin de financer des projets proposés par les maires des municipalités sans avoir à rendre de comptes au Parlement.

Des courriels «troublants»

Selon le député néo-démocrate de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, les courriels sont «troublants» puisqu'ils démontrent que Tony Clement, qui était ministre de la Santé à l'époque, s'immisçait sans retenue dans ce dossier et qu'il a mis sur pied «un système parallèle caché pour distribuer des cadeaux à des amis dans sa circonscription».

«Il faut que le premier ministre et le ministre rendent des comptes sur ces courriels. Les interventions du ministre sont indues et ne respectent pas les règles d'éthique. Ce n'est pas le genre de comportement auquel on doit s'attendre de la part d'un ministre», a affirmé M. Boulerice.

Son collègue néo-démocrate Charlie Angus a noté que Tony Clement avait été élu dans sa circonscription de Parry Sound-Muskoka par seulement 21 voix aux élections de 2006 et que tout avait été mis en oeuvre pour qu'il remporte la victoire avec une majorité plus convaincante au scrutin de 2008.

Aux Communes, hier, les conservateurs ont tenté d'étouffer cette nouvelle controverse en affirmant que le vérificateur général avait déjà examiné ce dossier et que le gouvernement avait dépensé l'argent des contribuables de manière judicieuse.

Le secrétaire parlementaire du premier ministre, Deepak Obhrai, a aussi affirmé que «les faits demeurent les mêmes», écartant d'un revers de main les nouvelles révélations du NPD.

Depuis plusieurs semaines, le ministre Clement refuse de répondre aux questions de l'opposition sur cette affaire aux Communes.

Le chef du Parti libéral, Bob Rae, a d'ailleurs déploré que M. Clement abdique ses responsabilités de la sorte. «M. Clement refuse absolument de prendre ses responsabilités», a-t-il dit. Il a ajouté qu'il croit qu'une enquête de la GRC est nécessaire.

«Nous devons avoir toutes les enquêtes possibles parce que c'est clair que le ministre refuse de répondre aux questions. Le gouvernement refuse de nous donner des réponses claires aux questions sérieuses et ça devient une farce à la Chambre des communes», a-t-il dit.