Les conservateurs ont rejeté deux initiatives des partis d'opposition visant à faire respecter la loi sur les langues officielles, notamment au sein d'Air Canada, et ils croient que cela laisse présager une ligne dure du gouvernement envers leurs propositions.

Après le dépôt lundi d'un rapport du Commissaire aux langues officielles qui juge qu'Air Canada doit améliorer ses services en français et en anglais, le Parti libéral a déposé une motion à ce sujet devant le comité parlementaire aux langues officielles.

Celle-ci invitait le gouvernement à déposer un projet de loi clarifiant les responsabilités d'Air Canada et de ses filiales, imposées par la Loi sur les langues officielles. Le transporteur aérien est déjà assujetti à la loi sauf que la situation est moins claire en ce qui concerne ses filiales comme Jazz.

Mais les députés conservateurs siégeant au comité l'ont rejetée.

Le même sort a été réservé à une autre motion - celle-ci émanant du Nouveau Parti démocratique (NPD) - exigeant des explications au sujet du dépôt par le gouvernement de documents sur la mission en Afghanistan, qui n'étaient pas bilingues, à la Chambre des communes en juin dernier.

Selon le porte-parole du NPD en matière de langues officielles, Yvon Godin, cette situation augure mal pour le respect du français, mais aussi pour le fonctionnement du Parlement. Il croit que le gouvernement, désormais majoritaire, n'a que faire des propositions des autres partis.

«Le gouvernement nous a très bien laissé savoir qu'ils ont la majorité au comité, ils ont refusé toutes nos propositions de l'opposition au complet, ils ont laissé savoir que ce n'était pas au comité de dicter l'ordre du jour au gouvernement.»

«Alors je me pose la question; qu'est-ce qu'on fait à Ottawa?», a-t-il lancé.

Il a souligné que le rôle du comité est justement de surveiller la loi sur les langues officielles et de faire des propositions au gouvernement.

Mais le conservateur Jacques Gourde, aussi présent lors du comité, a indiqué lors des débats que les députés en Chambre en juin dernier avaient unanimement accepté le dépôt des documents - même s'ils n'étaient pas bilingues - et qu'il n'y a plus lieu de revenir sur cette question. Les députés d'opposition ont fait valoir en comité qu'ils n'avaient pas le choix d'accepter les documents puisque la population attendait depuis longtemps leur dépôt et qu'ils souhaitaient maintenant seulement savoir pourquoi ils n'avaient pas été préparés dans les deux langues.

Quant à Air Canada, les députés conservateurs ont jugé que le commissaire s'était justement penché sur cette question et qu'il faut laisser du temps au ministre des Langues officielles pour qu'il puisse l'étudier.

«Il semble qu'il y a une étude faite par le commissaire, ce serait redondant de la part de ce comité de revoir ce problème», a souligné le conservateur Bernard Trottier.

Mauril Bélanger, porte-parole du Parti libéral en matière de langues officielles, pense aussi que le gouvernement n'entend pas se faire imposer ses priorités par les autres partis.

«L'impression qui se dégage est que le gouvernement a décidé d'annuler toutes les initiatives qui n'émanent pas d'eux. Est-ce que j'ai raison? On le verra au cours des semaines à venir».

Il affirme, tout comme M. Godin, que ses collègues lui ont rapporté une attitude similaire des conservateurs au sein des autres comités du Parlement et, cela, dès la première semaine de la session.