La ministre fédérale du Travail, Lisa Raitt, a affirmé lundi qu'Ottawa adoptera une loi spéciale forçant le retour au travail en cas d'échec des négociations entre Air Canada et ses agents de bord.

Les pourparlers, amorcés tôt dimanche dans une tentative d'éviter le déclenchement d'une grève, se poursuivaient lundi.

Mme Raitt a justifié sa décision en affirmant que c'était dans l'intérêt de l'économie, des citoyens canadiens et du transporteur aérien.

La ministre, qui s'est entretenue avec les deux parties, a mentionné que si le syndicat et la direction d'Air Canada l'avaient assuré qu'une entente était possible; le déclenchement d'une grève n'était pas non plus écarté, incitant du même coup Mme Raitt à mettre en oeuvre son projet de loi spéciale.

Elle a prévenu les parties qu'en cas d'échec elle présenterait la mesure législative dès mercredi, forçant les quelque 6800 agents de bord représentés par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) à retourner au travail en cas d'échec des négociations.

Les parties n'ont cessé de négocier depuis dimanche matin dans une tentative d'éviter la tenue d'une grève.

Les agents de bord ont toutefois menacé de déclencher une grève à minuit et une, mercredi matin, si leurs demandes ne sont pas acceptées.

Une autre grève déclenchée en juin par les préposés du service à la clientèle de l'entreprise n'a en effet duré que trois jours, Mme Raitt ayant menacé de déposer un projet de loi afin de contraindre les grévistes à reprendre le travail. Les deux parties se sont entendues avant que la loi ne soit adoptée.

Bien que la grève des préposés du service à la clientèle ait ralenti les activités du transporteur, en juin, un arrêt de travail des agents de bord aurait des conséquences plus sérieuses.

La société aérienne a déjà fait savoir qu'elle entendait mettre en oeuvre un horaire partiel comprenant des vols à code multiple exploités par ses partenaires commerciaux, si jamais les agents de bord quittaient le travail.

Le service de liaisons régionales serait tout de même assuré par Jazz, ses agents de bord n'étant pas soumis à la même convention collective que ceux d'Air Canada.

Air Canada a fait savoir que les clients souhaitant repousser leur date de départ pourraient le faire selon les disponibilités au cours des six prochains jours et ce, sans frais additionnels.

En août, les agents de bord d'Air Canada avaient rejeté l'offre qu'avait négociée leur syndicat avec la direction, forçant les deux parties à retourner à la table des négociations.

Parmi les points litigieux figurent le salaire, la pension, le temps de repos de l'équipage, les conditions de travail et les contraintes professionnelles.

Lundi, le porte-parole du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de travail, Yvon Godin, a demandé au gouvernement de résister à la tentation de légiférer afin d'obtenir le retour des agents de bord à leur poste, si aucun accord n'est atteint.

«Les gens ont le droit d'avoir un syndicat. Ils ont le droit de négocier. Ils ont de droit d'avoir une grève», a-t-il déclaré.

M. Godin n'est cependant pas allé jusqu'à promettre de recourir à des manoeuvres d'obstruction afin de retarder l'éventuelle adoption d'une loi de retour au travail.

«C'est prématuré à ce stade-ci», a-t-il dit à ce sujet.