Le seul candidat déclaré dans la course à la direction du Nouveau Parti démocratique, Brian Topp, demande au premier ministre Stephen Harper de tenir l'élection partielle dans la circonscription laissée vacante par le décès de Jack Layton après le choix de son successeur.

«Ce serait poli de M. Harper d'attendre après notre convention pour tenir cette partielle», a dit M. Topp en entrevue à La Presse, hier. Le premier ministre a six mois pour déclencher l'élection partielle, mais la date précise du scrutin reste à sa discrétion.

L'homme de 51 ans, qui n'a jamais été élu, estime qu'il serait trop difficile de faire à la fois campagne pour remporter une élection partielle et une course à la direction. «Faire campagne dans une partielle et en même temps faire campagne dans une course à la direction, si les deux sont proches de la convention, ça peut être difficile», a-t-il indiqué.

Brian Topp, qui réside dans la Ville reine, compte attendre de savoir quand aura lieu le scrutin dans la circonscription de Toronto-Danforth, que représentait Jack Layton depuis 2004, avant de décider s'il s'y présentera. Le président du NPD, qui a joué un rôle majeur dans quatre élections fédérales, ne voit pas comme un handicap le fait de ne pas être élu. «Jack [Layton] a été le chef une année et demie sans être au Parlement, alors c'est faisable. Ça va être important d'entrer au Parlement le plus rapidement possible, mais ça ne va pas être la fin du monde de ne pas être là dans les premiers mois d'un chef.»

Même s'il ne remporte pas la course à la direction, il compte désormais sortir de l'ombre et tenter de se faire élire. «Je vais me présenter au Parlement, si j'ai la chance de le faire, quel que soit le résultat de cette course», a -t-il assuré.

Alors que les députés commencent à faire connaître leurs appuis dans la course à la direction, Brian Topp ne voit pas comme un impératif de multiplier les appuis au sein du caucus des députés néo-démocrates. «Jack Layton a gagné comme chef sans grand appui au caucus. Il avait l'appui de deux députés. C'est possible de gagner sans gros appui au sein du caucus même si c'est mieux d'en avoir un bon. En fin de compte, ce sont les membres qui vont voter. J'ai un vote, mes collègues au caucus ont un vote, ma femme a un vote.»

Il espère d'ailleurs que le NPD gonflera ses rangs au Québec d'ici la convention du 24 mars où sera choisi le nouveau chef. Alors que le parti en compte présentement 1600, Brian Topp fixe à 12 000 le seuil minimal à atteindre. «J'aimerais beaucoup qu'on atteigne les chiffres qu'on avait quand Ed Broadbent était chef. En 1988, on avait au moins 12 000 membres au Québec et ça va m'inquiéterait si on n'avait pas ça.»

Même si le NPD a fait une importante percée au Québec, M. Topp croit néanmoins que l'avenir du parti se jouera à l'extérieur de la province. «Pour gagner un mandat, nous avons besoin de remplacer entre 50 et 60 députés conservateurs qui sont principalement à l'extérieur du Québec. Les sociaux-démocrates québécois ont fait leur travail avec l'élection de 59 députés, ce serait fabuleux d'en avoir plus, mais il ne faut pas être trop gourmand. Le grand travail va se faire en dehors du Québec.»

Il ajoute qu'il est «dans l'intérêt des néo-démocrates québécois de s'assurer que le chef est capable de gagner à travers le pays, notamment au Canada anglais».

Brian Topp a répété qu'il ne lancerait pas d'attaques contre ses adversaires dans la course à la direction. Il souhaite éviter les déchirements qui sont secoués le Parti libéral du Canada. «Si on regarde nos amis rouges, comment ils font leurs courses à la chefferie, ç'a a fini en guerres civiles qui ont été un énorme facteur dans la destruction de ce parti comme une option pour le gouvernement. Il faut apprendre la leçon.»