Le député néo-démocrate Roméo Saganash a déjà prouvé aux mauvaises langues qu'un autochtone pouvait aisément être élu au Québec. Aujourd'hui, il n'exclut pas de se lancer dans la course à la succession de Jack Layton, mais attend d'en connaître les modalités, lesquelles seront dévoilées dans six jours, soit le 9 septembre.

«Cela n'est pas ma priorité pour le moment. J'ai une très grande circonscription. Je viens d'être élu. J'ai beaucoup de travail de base à faire pour mes électeurs», a déclaré le nouveau député d'AbitibiBaie-JamesNunavikEeyou, qui a rencontré les médias après avoir donné une conférence à l'Université de Montréal.

D'après M. Saganash, le futur chef devra absolument être bilingue. Mais il ne s'est pas prononcé à savoir s'il devrait aussi être québécois, étant donné que c'est le Québec qui a propulsé le NPD au rang d'opposition officielle.

Il ne s'est par contre pas gêné pour critiquer l'attitude du nouveau directeur des communications de Stephen Harper, Angelo Persichilli, pour qui les Québécois prennent trop de place au Canada. «Cela démontre à quel point le gouvernement Harper a abandonné le Québec, a-t-il dit. Libre à lui de le faire, mais ce n'est pas une attitude de premier ministre. Moi je veux continuer à construire des ponts.»

Ambitions

À 49 ans, Roméo Saganash a déjà une grande expérience des affaires gouvernementales et des négociations constitutionnelles. Après des études de droit, il a défendu la cause des Cris partout au Canada et à l'étranger, faisant par exemple annuler le projet hydroélectrique Grande-Baleine.

Sympathique au mouvement souverainiste et courtisé par de nombreux partis, il dit s'être laissé séduire par les politiques sociales et environnementales du NPD.

S'il se lance dans la course au leadership, M. Saganash devra affronter le président du parti, Brian Topp, qui a déjà annoncé son intention de se présenter. La députée fédérale de Gatineau, Françoise Boivin, ainsi que le député d'Outremont et leader parlementaire, Thomas Mulcair, ont dit y réfléchir.

M. Mulcair est le mieux placé pour succéder à Jack Layton, selon un sondage Angus Reid-La Presse-Toronto Star réalisé en ligne auprès de 1005 personnes à la fin du mois dernier.

Scepticisme

Le même sondage révèle par contre que 66% des Canadiens estiment que le NPD sera probablement ou certainement incapable «de trouver un nouveau chef aussi solide que Jack Layton».

Aux étudiants en science politique venus l'entendre vendredi, Roméo Saganash a assuré que l'équipe du NPD était solide. Il a terminé en disant toutefois n'avoir «qu'un seul regret: je ne saurai jamais si Roméo Saganash aurait été élu sans la vague orange».