Après deux faux départs, le chef intérimaire du Parti libéral (PLC), Bob Rae, estime que son parti doit mener à bien son exercice de renouvellement. Sans un véritable ménage dans ses orientations et dans son organisation, le Parti libéral ne peut espérer reprendre le pouvoir dans quatre ans, a-t-il affirmé hier.

Du même souffle, M. Rae a tenté de tuer dans l'oeuf, une fois pour toutes, l'idée d'une fusion entre le Parti libéral et le NPD. Cette option a été relancée de plus belle en fin de semaine par l'ancien premier ministre Jean Chrétien et certains libéraux, dont le député de Bourassa Denis Coderre, après les funérailles du chef du NPD Jack Layton à Toronto.

M. Coderre a profité de la réunion du caucus libéral à Ottawa cette semaine pour défendre cette idée en disant que les forces progressistes devaient s'unir si elles veulent mettre fin au règne des conservateurs en 2015, date prévue pour les prochaines élections.

Mais cette idée recueille peu d'appuis au sein des troupes libérales et M. Rae s'est de nouveau employé à la tailler en pièces hier.

«C'est une fiction»

«Il n'y a pas de discussions au sein du caucus à ce sujet. Je ne dirige pas un séminaire politique. Je dirige un parti politique qui se penche sur de vrais enjeux. [...] Nous devons réorganiser notre parti pour en faire une formation capable de mener de dures batailles et qui peut être une option de rechange au gouvernement Harper», a dit M. Rae en point de presse.

Aux journalistes qui le pressaient sur cette question, M. Rae a ajouté: «Il n'est pas question de porte ouverte ou fermée. Il n'y a pas de porte. Il n'y a pas de discussion. Ce n'est pas là. Ça n'a pas été discuté au caucus. C'est une fiction.»

En milieu d'après-midi, hier, le député néo-démocrate de Winnipeg-Centre, Pat Martin, a néanmoins relancé le débat en affirmant qu'il souhaitait que la question de la fusion du NPD et du PLC soit abordée durant la course à la direction de son parti.

Dans une entrevue accordée au site iPolitics.ca, M. Martin a dit qu'il appuierait le candidat qui proposerait une coalition avec les libéraux. Si aucun candidat dans la course ne préconise cette voie, il compte briguer la direction du NPD pour en faire la promotion.

«Le NPD a de bonnes chances de battre les conservateurs de Stephen Harper dans quatre ans. Mais si nous sommes unis, nous en avons la certitude. Voulons-nous courir ce risque? Je ne pense pas», a dit M. Martin.

Chose certaine, ceux qui veulent une fusion des deux partis devront d'abord convaincre Bob Rae. Ce dernier a soutenu qu'il existait trop de divergences entre les deux formations politiques pour envisager une fusion.

Reprendre des forces

La priorité du Parti libéral est de reprendre des forces. Et contrairement à 2006 et 2008, les libéraux ne forment plus l'opposition officielle. «Le climat a complètement changé. Nous sommes en troisième place aux Communes. Nous devons aller jusqu'aux racines de notre parti, aux racines de nos valeurs. Nous devons parler directement aux Canadiens pour expliquer pourquoi il faut avoir un Parti libéral», a-t-il dit.

«Depuis 2006, nous n'avons pas suffisamment réorganisé notre parti. C'est le défi que nous avons devant nous. Maintenant, nous n'avons pas le choix», a-t-il ajouté.

À trois semaines de la reprise des travaux parlementaires, Bob Rae entrevoit déjà «de bonnes batailles» entre le gouvernement Harper et les partis de l'opposition dans des dossiers comme la lutte contre la criminalité, celle contre les changements climatiques, l'avenir du régime de soins de santé et l'économie.

«Ce sont les préoccupations des Canadiens et ce sont mes priorités», a dit M. Rae.